L'objet du débat. "Nous sommes opposés à la prime à la casse. Il n'y en aura pas, ça fait trop de dégâts". Les choses sont claires, le gouvernement, comme l'a martelé Arnaud Montebourg dimanche, ne ressortira pas des tiroirs la mesure instaurée en 2008 par le gouvernement Fillon. Destinée à soutenir le secteur automobile, la "prime à la casse" était une aide, versée jusqu'en 2011, aux ménages qui vendaient leur vieille voiture pour en acheter une neuve. Et Matignon a confirmé lundi que "la piste n'était pas à l'étude".
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Comme un air de famille. Pourtant, l'exécutif cherche bien un moyen de réduire la part des voitures diesel dans le parc automobile français. Et la "prime à la reconversion" (Delphine Batho) ou celle à la "conversion" (Arnaud Montebourg) défendues ce week-end ont bien des airs de "prime à la casse". Dans les deux cas en effet, l'idée est d'inciter les ménages à vendre leurs voitures polluantes pour en acheter une neuve.
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Elle devra être plus "verte". Pour Delphine Batho, la différence doit se jouer sur le plan écologique. "La prime à la casse n’avait pas l’ambition de convertir le parc automobile en faveur de véhicules propres ou peu polluants", affirmait-elle dimanche dans le Parisien-Aujourd'hui en France. La ministre de l'Ecologie Delphine Batho a ainsi émis l'idée d'une "aide au remplacement des véhicules les plus émetteurs de particules, par des véhicules peu polluants bénéficiant du bonus écologique". La différence avec la prime à la casse ? Cette dernière était versée pour l'achat d'un véhicule neuf émettant jusqu'à 160 grammes de CO2 par kms. Or le bonus écologique démarre pour les véhicules émettant 105g.
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Elle devra être plus "made in France". Tous les ministres s'accordent pour dire que la future aide ne devra pas pénaliser les constructeurs automobiles français. L'ancienne prime à la casse pouvait être versée autant à l'achat d'un véhicule français qu'étrangers. Et son arrêt en 2011, décourageant les consommateurs, a été suivi d'une chute brutale des ventes chez Renault et PSA. "La prime à la casse est une drogue qui a précipité nos constructeurs dans la difficulté", a critiqué dimanche Arnaud Montebourg.
Mais ce critère ne sera pas si facile à remplir. Pour le ministre du Redressement productif, "la formule s'annonce très difficile". La nouvelle aide devra être conçue pour ne pas pénaliser les marques tricolores, qui sont par ailleurs très en pointe sur le diesel, sans s'attirer les foudres de Bruxelles pour entrave à la concurrence. Le ministre milite ainsi pour qu'elle soit plutôt versée à l'achat de véhicules hybrides et électriques, dont les Français sont pionniers.
Elle devra être moins couteuse. L'ultime tare de la prime à la casse, que le gouvernement veut éviter de reproduire, est son coût exorbitant pour les finances publiques. La mesure décidée sous François Fillon privait l'Etat de plus de 500 millions d'euros de recettes chaque année. Or le gouvernement actuel ne peut pas se le permettre. Comment financer la future mesure ? Pour Delphine Batho, il faut taxer davantage le diesel. Mais Bercy s'y refuse dans l'immédiat.