Le groupe Doux tel que vous le connaissez n'existe plus : le tribunal de commerce de Quimper a décidé mercredi de scinder l'entreprise en deux. Le pôle frais, qui alimente les commerces et la restauration, a été placé en liquidation. Les offres de reprise pour ce pôle, qui emploie 1.800 personnes, peuvent être déposées jusqu'au 10 août et l'activité y est prolongée pendant un mois, a précisé le tribunal.
D'un autre côté, le pôle surgelé et le reste du groupe bénéficie d'un répit jusqu'au 9 octobre, la période d'observation ayant été prolongée. "Nous avons sollicité et obtenu le maintien de la période d'observation. C'est l'étape nécessaire pour nous permettre d'élaborer le plan de continuation", s'est félicité mercredi l'un des avocats du volailler breton, Me Jean-Claude Gourvès. "Malheureusement, nous n'avons pas de solution pour Doux frais. Le tribunal de commerce a converti le redressement judiciaire de Doux frais en liquidation judiciaire avec poursuite de l'activité pendant un mois. Nous espérons des candidats repreneurs pour ce pôle frais d'ici le 10 août", confie l'avocat.
Avec cette décision, le tribunal se donne du temps pour trancher entre les offres de reprises. Sur la quinzaine déposée, deux options principales se détachaient.
Sofiprotéol et Charles Doux en concurrence
La première émanait du consortium Sofiprotéol : l'établissement financier de la filière huiles et protéines végétales. Ce dernier regroupe des acteurs français du secteur volailler, privés et coopératives comme Glon Sanders (filiale de Sofiprotéol), Duc, LDC, Terrena, Tilly-Sabco et Triskalia, dont certains avaient fait des offres individuelles. Le consortium propose de garder 3.087 des actuels 4.200 salariés de Doux.
La seconde option était présentée par le PDG, Charles Doux, qui propose un plan de continuation avant la présentation d'un plan global de relance du groupe. Dans le cadre de ce plan de continuation, la banque britannique Barclays deviendrait majoritaire dans le capital du groupe, jusqu'à présent détenu à 80% par la famille Doux, l'autre actionnaire, BNP Paribas, détenant 20%. Pour Barclays, il s'agit par ce biais de récupérer une créance de 140 millions d'euros. 3.185 emplois seraient ainsi sauvegardés, ce qui est davantage que l'offre Sofiprotéol.
Un pas dans le sens de Charles Doux ?
Mais Charles Doux prévoit de se séparer du Pôle frais et de ses 1.800 salariés. En décidant de sa liquidation, le tribunal de commerce de Quimper semble ainsi faire un pas vers l'offre du PDG du groupe.
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A ces principales solutions, qui se traduiront au minimum par plusieurs centaines d'emplois supprimés, les salariés penchent majoritairement pour l'offre Sofiprotéol tandis que le plan Doux a la préférence des transporteurs et des éleveurs.
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Premier bénéficiaire français des subventions européennes aux exportations, le groupe Doux, propriétaire du célèbre Père Dodu, ploie sous une dette estimée à 430 millions d'euros.
Avec les CDD, plus de 4.000 personnes sont employées chez Doux qui fait travailler quelque 800 éleveurs. Deux mille personnes sont employées par des sociétés de transport travaillant pour le groupe, sans compter les nombreux emplois chez les fournisseurs et la sous-traitance.
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