Les justices allemande et autrichienne soupçonnent le constructeur aéronautique européen EADS d'avoir versé au moins 70 millions d'euros de pots-de-vin dans la vente d'avions de combat Eurofighter à l'Autriche, selon le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, samedi.
Le parquet enquête sur 13 personnes
EADS aurait transféré cette somme sur le compte d'une société basée en Angleterre, qui aurait ensuite redistribué l'argent vers Malte, l'Île de Man, l'Autriche, le Liechtenstein et la Suisse, selon un schéma publié par le quotidien, qui ne cite pas de source. Mercredi des perquisitions avaient eu lieu sur plusieurs sites d'EADS en Allemagne, mais aussi en Autriche et en Suisse. L'enquête des parquets de Munich et de Vienne se concentre sur 13 personnes, dont un ancien dirigeant haut placé au sein du groupe, poursuit le Süddeutsche Zeitung, sans le nommer car "il ne s'agit pour le moment que de premiers soupçons".
Le quotidien précise également que Tom Enders, le patron d'EADS, a envoyé "cette semaine une lettre de deux pages" aux dirigeants du groupe dans laquelle il martèle que violer la loi n'est en aucun cas "une option" pour obtenir des contrats et qu'EADS ne fera preuve d'"aucune tolérance (envers) des attitudes illégales ou immorales".
Une affaire qui remonte à 2003
Les soupçons de corruption autour de ce contrat militaire, conclu en 2003, ont rythmé la vie politique autrichienne au cours des dernières années. La commande pour deux milliards d'euros de 18 Eurofighter Typhoon, fabriqués par un consortium formé par EADS, le britannique BAE Systems et Finmeccanica, avait été réduite en 2007 à 15 appareils sous l'effet du scandale, plusieurs partis demandant l'annulation pure et simple du contrat. Le parquet de Vienne avait classé sans suite en 2011 une plainte pour corruption contre l'ex-chef de l'armée de l'air, le général Erich Wolf, liée à ce contrat.