Henri Proglio ne sera pas reconduit comme PDG d'EDF, où il sera remplacé dans cette fonction par l'actuel dirigeant de Thales et ancien patron de Vivendi Jean-Bernard Lévy, a confirmé François Hollande en Conseil des ministres, mercredi. Henri Proglio, nommé en 2009 par Nicolas Sarkozy, "a été informé ce matin par Emmanuel Macron (le ministre de l'Economie, ndlr) qu'il ne serait pas reconduit", avait indiqué une source proche du dossier un peu avant. Le chef de l'Etat a souligné mercredi que Jean-Bernard Lévy était "un grand industriel" qui a "les qualités pour conduire cette grande entreprise qu'est EDF", a précisé Stéphane Le Foll, Porte parole du gouvernement, lors du compte-rendu du Conseil des ministres.
Info @Europe1 : Jean-Bernard Lévy remplace proglio à la tête d'#edf cc info @caroleferry— Emmanuel Duteil (@EmmanuelDuteil) 15 Octobre 2014
Un bilan pourtant apprécié... L’État détient 84,5% du groupe énergétique. Et selon certaines sources, citées par Libération et Le Figaro ces derniers jours, c'est l’Élysée qui serait à l'origine de cette décision. "Avec la loi de transition énergétique , c'est une page qui se tourne, c'est une nouvelle stratégie qui se met en oeuvre pour EDF. C'est logique que le gouvernement ait besoin d'incarner ce changement", confiait mardi l'une de ces sources à Libération, reconnaissant toutefois un "bon" bilan.
>> LIRE AUSSI - Le projet de loi sur la transition énergétique adopté à l'Assemblée
"Le bilan d'Henri Proglio plaide en sa faveur et l'entreprise est derrière lui", assurait-t-on pourtant au même moment chez EDF. La bonne résistance financière d'EDF durant la crise, le désengagement de marchés risqués comme le nucléaire américain, le contrat pour la construction de deux réacteurs EPR en Angleterre ou encore le partage de Dalkia avec Veolia sont en effet autant de succès à mettre à son actif. "Cela serait une onde de choc en interne s'il n'était pas renouvelé. Les gens sont persuadés que c'est l'intérêt de l'entreprise qui l'emportera sur des considérations politiques".
... Avec plusieurs zones d'ombre. Plusieurs éléments tendent toutefois à expliquer la décision de l’Élysée. Henri Proglio, partisan du nucléaire, s'est toujours opposé à la fermeture d'une centrale, pourtant l'une des promesses de François Hollande. À son arrivée dans le groupe, Henri Proglio promettait de construire une "équipe de France du nucléaire".
>> Selon l'éditorialiste d'Europe1, Nicolas Barré, c'est avant tout pour ses affinités politiques avec la droite qui expliquent son éviction :
EDF va changer de patronpar Europe1frHenri Proglio a également été mêlé à plusieurs affaires. En mai dernier, la justice a notamment ouvert un enquête préliminaire pour "trafic d'influence", visant le dirigeant d'EDF et sa femme. La justice soupçonne notamment Rachida Khalil, la comédienne et humoriste franco-marocaine qui s'est mariée avec Henri Proglio en mars 2013, d'avoir bénéficié d'argent détourné de l'entreprise.
Henri Proglio avait également été accusé par l'ancienne patron d'Areva, Anne Lauvergeon, d'avoir livré des secrets industriels à la Chine, ce qu'il a toutefois toujours nié.
La décision du gouvernement doit être officialisée au plus tard jeudi matin, puisqu'un conseil d'administration d'EDF est programmé dans la foulée d'une réunion du comité des nominations.