"On ne sait pas si on sera là dans un an, si on sera toujours dans notre maison. On a quand même un crédit sur 19 ans..." Régis et Séverine ont tout plaqué pour s'installer en Moselle... et travailler en Metz, chez Ecomouv', la société chargée de collecter l'écotaxe. La suspension de l'écotaxe et du péage de transit poids lourds ont en effet jeté un froid chez les 200 salariés et quelque 130 fonctionnaires des douanes qui y travaillent.
"C'est anxiogène, on a des pertes de sommeil. On a fait un choix de vie, on a fait l'effort pour venir. J'attends que l’État remplisse sa part du contrat", poursuit Régis au micro d'Europe1. La ministre de l’Écologie a annoncé jeudi qu'elle suspendait "sine die", c'est à dire pour une durée indéterminée, ces deux dispositifs, censés taxer les poids lourds pour financer l'entretien des routes, et qui n'ont pour l'heure jamais vu le jour. Avec cette décision, elle place au chômage technique les salariés d'Ecomouv', qui ignorent désormais ce qui les attendent.
"Stupéfaction". "C'est une honte au regard des engagements du gouvernement", a également réagi Jacques Stirn, délégué CFDT chez Ecomouv qui dit avoir appris par la presse l'annonce de Ségolène Royal. "C'est la stupéfaction pour l'ensemble des salariés. Il y a à peine quelque jours la mise en place de l'écotaxe n'était même pas remise en cause", a-t-il souligné. "Quelle valeur a la parole gouvernementale à partir du moment où celle-ci change tous les trois mois sur une question aussi importante que l'écotaxe ?", s'est interrogé le syndicaliste. La question sera évoquée chez Ecomouv lors d'un comité d'entreprise (CE) qui pourrait être convoqué en urgence ces prochains jours, a-t-il indiqué.
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"Il y avait une promesse". "Les salariés sont dégoûtés", a renchéri Pascal Martin, secrétaire Lorraine de la CFDT pour les douanes. "Il y avait une promesse politique. On demande que la taxe se mette en place", a-t-il renchéri. En cas d'abandon définitif du dispositif, les douaniers demandent au gouvernement "un maintien à résidence des agents", a encore ajouté le syndicaliste. "Que le gouvernement commence à penser à un plan B pour reclasser les agents", a-t-il suggéré.
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L'installation depuis 2012 du centre opérationnel d'Ecomouv' à Metz était l'une des contreparties de l'Etat en échange des restructurations militaires, qui ont durement affecté la Lorraine depuis 2009.