Elle est censée faire décoller le financement des PME. EnterNext, la nouvelle filiale de l'opérateur boursier NYSE Euronext, a été officiellement lancée jeudi. Sa mission ? Compenser le freinage des crédits bancaires en tentant d'initier les entreprises aux vertus de la Bourse. Le projet a fait l'objet de plusieurs mois de discussions entre les acteurs de la place boursière et les pouvoirs publics, soucieux de relancer un tissu de PME fragile. Le ministre de l'économie, Pierre Moscovici, s'est d'ailleurs félicité de ce lancement dans un communiqué, tout en se déclarant "très attentif aux résultats concrets dans les mois à venir".
>>> Mais pour l'heure, EnterNext est encore loin des espoirs de certains. Attendue comme une véritable "Bourse des entreprises", beaucoup jugent que les moyens qui y sont investis sont loin des ambitions fixées.
C'est quoi, EnterNext ? Dédié aux PME et aux ETI (entreprises de taille intermédiaire), EnterNext est davantage un service proposé par Nyse Euronext qu'une véritable place boursière à part entière. En clair, le personnel dédié à ce service aura pour but d'informer les entreprises qui y seront inscrites sur la meilleure manière d'entrer en bourse et de se financer sur les marchés, et de leur mettre à disposition les outils pour. "EnterNext a pour mission de concevoir et de promouvoir (notamment en régions) l’ensemble des produits et services destinés aux PME et ETI, y compris les outils de financement autres que les actions (offre obligataire IBO, fonds)", explique le journal Les Echos en date de vendredi.
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NYSE Euronext a ainsi investi 18 millions d'euros, soit une hausse de 15% par rapport à ce qu'elle a dépensé l'an dernier pour les PME et les ETI. Elle s'en servira notamment pour embaucher 20 personnes qui seront directement en contact avec les entreprises. Par ailleurs, les PME et les ECI se verront notamment proposer un rabais de 50 % sur les frais de transactions et de 10 % sur les frais l'introduction en Bourse.
Un projet ambitieux… EnterNext s'adresse pour le moment aux 750 entreprises cotées sur le marché règlementé et sur la plate-forme de transactions Alternex dont la capitalisation boursière ne dépasse pas un milliard d'euros. L'objectif est d'introduire en Bourse 80 entreprises par an en trois ans, et de porter leur capitalisation à 12 milliards d'euros. "Le succès d'EnterNext sera mesuré par l'ampleur des capitaux levés par les PME ETI, tous instruments confondus", a commenté jeudi Dominique Cerutti, directeur général adjoint de NYSE Euronext.
En tout cas, "c'est une très bonne nouvelle. Il y avait urgence", se réjouit déjà François Vidal, rédacteur en chef aux Echos. "D'abord, parce que la PME française cotée est une espèce en voie de disparition. Ensuite, parce que PME et ETI n'ont jamais eu autant besoin d'élargir la palette de leur financement pour assurer leur croissance. Devenu plus rare, le crédit bancaire ne peut plus jouer son rôle traditionnel de solution", explique-t-il dans un édito en date de vendredi.
… Mais qui déçoit. Le projet n'est "pas du tout à la hauteur de nos attentes", tranche, pour sa part, Pascal Imbert, président de l'association Middlenext, représentant les valeurs moyennes cotées en France. Ce dernier juge en effet "très limité" le budget d'EnterNext et appelle de ses vœux "la création d'un nouvel opérateur doté d'une stratégie indépendante des aléas auxquels NYSE Euronext est confronté", faisant référence au futur rachat de l'opérateur par l'américain ICE, un opérateur boursier basé à Atlanta et spécialisé dans l'énergie.
"Pour que cette nouvelle Bourse ait une chance de fonctionner, encore faut-il que l'écosystème soit complet", résume l'éditorialiste François Vidal. Et de poursuivre : "il manque une pièce essentielle au dispositif : des investisseurs prêts à s'engager sur des valeurs de taille limitée et plus risquées que la moyenne. Bref, des perles rares." Selon lui, "la balle est dans le camp du gouvernement", à qui il revient de trouver la recette pour "favoriser durablement l’investissement en actions dans notre pays".