GROS SOUS - Le gouvernement envisage la création de casinos dans la capitale, ce qui est pour l'instant interdit.
Reverra-t-on bientôt des casinos à Paris ? Pour fermer les cercles de jeux marqués par des scandales à répétition, sans favoriser la création de tripots clandestins, le gouvernement envisage la création de casinos dans la capitale.
Un rapport attendu fin avril. Les jeux sont encore loin d'être faits, mais le ministère de l'Intérieur a confié en février une mission "de réflexion" au préfet Jean-Pierre Duport. L'idée est de travailler sur la fermeture des cercles de jeux parisiens et d'avancer à la place "la création d'une offre légale de jeux". C'est-à-dire un ou des casinos selon une source proche citée par l'AFP. Jean-Pierre Duport enchaîne actuellement ses consultations. Il voit des représentants des casinos jeudi. Il doit ensuite rencontrer les groupes politiques de la mairie de Paris. Son rapport sera rendu fin avril.
Que dit la loi aujourd'hui ? Depuis le début du 20e siècle, dans le but de combattre l'addiction aux jeux de hasard, le marché des casinos est strictement réglementé. Mais la réglementation a souvent évolué au fil des ans, bénéficiant à de nombreuses villes, sauf Paris. En 1907, une loi interdit en effet l'ouverture de casino, à part dans les villes balnéaires, et sous autorisation du ministère de l'Intérieur. La philosophie de la loi : on ne joue qu'en vacances !
Une loi de 1920 réservée à la capitale vient compléter la précédente loi. Même si Paris est une ville touristique, les casinos y sont donc proscrits. Le texte interdit "d'exploiter un casino ouvrant des salles de jeux à moins de 100 kilomètres de Paris". Un autre texte prévoit une dérogation pour les stations thermales comme Enghien-les-Bains (à une vingtaine de km de la capitale), où le casino accueille nombre de joueurs parisiens.
En 1988, d'autres villes ont été autorisées par la loi à ouvrir un casino. La condition ? Qu'elles soient un minimum touristiques et capitales d'une agglomération d'au moins 500.000 habitants. En outre, le produit du jeu doit participer pour 40 % au fonctionnement d'un centre dramatique, d'un opéra où d'un orchestre national. Paris, toujours réglementée par la loi de 1920, n'est pas concernée par cette nouvelle réglementation. Au total, on compte aujourd'hui en France 199 casinos, dans des villes comme Bordeaux, Toulouse, Lille ou Nice.
Le statut des cercles de jeu ne tient pas. Au fil des années, pour combler ce vide dans la capitale, des cercles de jeux ont ouvert à Paris mais sans roulette et sans machines à sous, avec une structure d'association à but non lucratif. Une structure jugée inadaptée à une activité très rémunératrice en termes de cash.
"Le statut juridique et le mode de fonctionnement de certains cercles ont contribué à l'apparition de délits et de fraudes diverses. Le temps de l'opacité est révolu. Il faut réfléchir, et c'est l'enjeu de cette mission, à proposer des lieux de jeux transparents et contrôlés", résume un "fin connaisseur" du dossier, cité par Le Parisien. Sur fond de malversations financières, depuis 2008, huit cercles ont été fermés sur les dix que comptait la capitale.
>> Selon l'éditorialiste d'Europe 1, Nicolas Barré, un casino a toute sa place dans une grande métropole comme Paris, qui doit être un lieu "où l'on ne dort pas", d'autant que la loi actuelle est "hypocrite" :
Paris doit encore dit "oui". Même si le gouvernement donne son accord, la question devra en tout cas passer devant le conseil de Paris, précise le cabinet d'Anne Hidalgo, la maire de Paris. "L'Intérieur nous a saisis, mais pour l'instant, la ville n'a pas arrêté de position", précise-t-on. Du côté des casinos, tout le monde se prépare. "On suit ça de près, s'il y a un appel d'offres, il est évident qu'on y participera", indique-t-on sous couvert d'anonymat chez l'un des grands opérateurs du secteur.
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