Le FESF, érigé pour protéger les pays de la crise de l’euro, pourrait aussi perdre sa note AAA.
En dégradant plusieurs pays de l’Union européenne, l’agence de notation Standard & Poor’s risque de provoquer des réactions en chaîne : outre les banques et les collectivités territoriales, c’est même le pare-feu des pays de la zone euro, le Fonds de secours de la zone euro (FESF), qui pourrait perdre sa note AAA.
Le FESF privé de son AAA ?
Mis en place en mai 2011, le FESF est une caisse commune dans laquelle les Européens ont mis de l’argent pour se prévenir des soubresauts de la crise de la zone euro : à la moindre attaque des marchés sur un pays, le FESF peut intervenir et injecter de l’argent pour soutenir le pays ciblé et lui éviter de s’enfoncer un peu plus dans la crise
A l’instar des pays, ce "parapluie financier" est noté par les agences de notation et peut aujourd’hui se prévaloir de la note AAA. Cette évaluation dépend des pays de la zone euro "actionnaires", et donc de leurs notes.
Or, la moitié des pays de la zone euro ont été dégradés vendredi, ce qui fait craindre que la FESF soit le prochain sur la liste. "Nous allons publier notre avis très prochainement", a d’ailleurs prévenu Standard & Poor’s.
Une dégradation aux lourdes conséquences
Si le FESF perd sa note AAA, la zone euro sera affaiblie symboliquement, mais pas seulement : le Fonds de secours peut aussi emprunter de l’argent sur les marchés à la place d’un pays, il a donc besoin du AAA pour le faire au meilleur prix. Sans cette note, sa capacité d’emprunt sera réduite et ses taux d’intérêt plus élevés, handicapant un peu plus les pays européens en difficulté.
Dès vendredi soir, les ministres des Finances de la zone euro ont donc affiché "leur détermination à explorer les options pour maintenir la notation AAA du FESF". Pour que ce dernier conserve cette note, les pays de la zone euro doivent donc le renforcer, soit en décrochant une meilleure note des agences de notation, soit en réinjectant de l’argent, la solution la plus rapide à court terme.
Deux solutions, un acteur incontournable : l’Allemagne
Puisque regagner un AAA est compliqué à court terme, on se dirige donc vers un nouveau tour de table et c’est là que des divergences entre Européens apparaissent. Une nouvelle fois, l’Allemagne est appelée à la rescousse et rechigne à payer pour les autres.
Nos voisins ont déjà commencé à prendre les devants lundi : le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble a tenu à préciser que "pour le travail qui incombe au FESF dans les mois à venir, la somme des garanties est largement suffisante". "Je ne vois pas de besoin de changer quelque chose", a ensuite renchéri Angle Merkel.
D’autant que la zone euro prépare déjà l’avenir du FESF : un nouvel organisme, le Mécanisme européen de stabilité (MES), doit entrer en vigueur cet été et remplacer à terme le FESF. La fermeté allemande s’explique par ailleurs par la crainte d’être, à son tour, dégradée. A force d’être le seul pays à aider les autres, "l'Allemagne pourrait risquer de perdre elle-même sa note AAA", a estimé lundi l’un des cadres de l'institut allemand DIW.