Malgré un départ précipité, son action est globalement plébiscitée. Sa succession est ouverte.
Dominique Strauss-Kahn a démissionné jeudi de son poste de directeur général du Fonds monétaire international, via une lettre écrite depuis la prison de Rikers Island, à New York, et envoyée au conseil d'administration de l’institution.
"Je veux préserver cette institution que j'ai servie avec honneur et dévouement, et surtout, surtout, je veux consacrer toutes mes forces, tout mon temps et toute mon énergie à démontrer mon innocence", a-t-il écrit dans une lettre envoyée au FMI.
Des réactions en forme de louange
Arrivé en 2007 dans une institution alors en pleine crise, DSK a dû restructurer le FMI et remotiver ses troupes. La crise des subprimes et la récession qu’elle a provoquée lui a permis de revenir au centre du jeu financier mondial.
"Le FMI est clairement devenu l'institution internationale la plus importante aujourd'hui", a ainsi estimé l'économiste américain Colin Bradford. "La crise financière a donné au Fonds une occasion de commencer à réaffirmer sa place dans le monde, et Strauss-Kahn a saisi cette occasion", a renchéri mardi Mohamed El-Erian, ancien économiste du FMI.
"Il doit être dit que DSK a servi le monde avec grande distinction au cours d'une période des plus difficiles", a commenté le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt. "Dans une phase délicate pour l'économie mondiale, Dominique Strauss-Kahn a effectué un travail précieux pour le FMI", a conclu le porte-parole du gouvernement allemand.
Un bilan plutôt positif à la tête du FMI
Côté bilan, DSK a réussi une recapitalisation du FMI, permis un léger rééquilibrage des droits de vote au profit des économies émergentes et modernisé des instruments de prêt et de surveillance. Il a par ailleurs introduit des prêts à taux zéro pour les pays pauvres.
Dès le début de la crise, DSK avait appelé les grandes économies de la planète à mettre en œuvre des plans de relance, évitant ainsi un blocage de l’économie mondiale. Un choix qui a aussi modéré la tradition très libérale du FMI, qui donnait la priorité aux privatisations et à la dérégulation.
Pourtant, son image reste désastreuse dans les pays en développement et la finance internationale n’a pas vraiment gagné en transparence, bien que le FMI ait des marges de manœuvre très limitées sur le sujet.
Les prétendants possibles
Plusieurs profils pourraient prendre la suite de DSK à la tête du FMI, la tradition voulant que ce soit un Européen. Mais l'essor des pays émergents pourrait aboutir à un processus de sélection ouvert à tous les pays membres.
L'Allemand Axel Weber, ex-président de la Bundesbank, a failli prendre la tête de la Banque centrale européenne et dispose d’une expérience et d’un profil adéquats. La ministre de l’Economie Christine Lagarde pourrait aussi se porter candidat, bénéficiant d’une solide expérience et du respect des milieux de la finance. Sa nationalité joue toutefois contre elle : outre l’affaire DSK, le FMI a été dirigé par un Français pendant 26 des 33 dernières années. Son possible passage devant les tribunaux dans le cadre de l'affaire Tapie pose également problème.
D’autres noms sont aussi évoqués, dont le Turc Kemal Dervis, le Sud-Africain Trevor Manuel, le Mexicain Agustin Carstens, le Brésilien Arminio Fraga ou encore le Canadien Mark Carney. Mais les pays émergents sont confrontés à un obstacle de taille : leurs divisions, alors que les Européens se montrent beaucoup plus soudés.
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