Christine Lagarde va devoir se montrer convaincante. La ministre de l'Economie doit passer jeudi son grand oral devant les 24 membres du conseil d'administration du Fonds monétaire international à Washington, qu'elle cherchera à convaincre de la désigner comme directrice générale. Ce sont eux qui décideront du nom du successeur à Dominique Strauss-Kahn.
Une femme et 23 hommes, qui représentent leur pays ou un groupe de pays, sont chargés de désigner "par consensus", ou à défaut par un vote, le nouveau numéro un. Ils ont programmé une discussion formelle sur les deux candidatures le 28 juin, et comptent avoir pris leur décision le 30 au plus tard.
Un rival mexicain
Christine Lagarde devra donc se montrer plus pertinente que son rival, le Mexicain Agustin Carstens, qui s'est déjà plié à cet exercice mardi. Le profil du gouverneur de la banque du Mexique s'apparente à l"exact contraire de celui de la ministre française : il n'est ni européen, ni politique, mais plutôt technocrate. Il a plaidé pour un FMI aux ressources permanentes accrues, impartial, représentant mieux les économies émergentes à son conseil d'administration, et ouvert aux restructurations de dette publique en cas de crise.
Christine Lagarde détaillera de son côté sa vision d'un FMI "réactif, coopératif, légitime et équitable", comme elle l'avait déjà fait dans sa lettre de motivation. Sur son compte Twitter, elle s'est dite partisane d'un "libéralisme tempéré".
Lagarde favorite
Le grand oral marque la dernière étape d'une campagne qui a mené les deux candidats aux quatre coins de la planète. Depuis le 30 mai, la ministre de l'Economie a visité le Brésil, l'Inde, la Chine, le Portugal pour être aux assemblées annuelles de la Banque africaine de développement, puis l'Arabie saoudite et enfin l'Egypte.
Même si les grands Etats membres non européens n'ont pas encore officiellement pris position, Christine Lagarde est largement favorite, à en croire Agustin Carstens lui-même. D'autant que le patron du FMI a toujours été un européen. Elle serait la première femme à ce poste.
Mais à la veille de cette audition, les démêlés judiciaires de la ministre française ont refait surface avec l'annonce mercredi matin de l'ouverture d'une nouvelle enquête dans le cadre de l'affaire Tapie la mettant en cause pour sa gestion du litige financier.