Pour SFR comme pour Orange et Bouygues, il a un avant et un après Free Mobile. L’arrivée, le 10 janvier, du nouvel opérateur de téléphonie mobile a en effet bouleversé ce marché jusque-là verrouillé par les trois opérateurs historiques.
Après avoir pointé les lacunes de leur nouveau concurrent sans réussir à stopper la fuite des clients, les trois opérateurs ont décidé de réagir. Mais plutôt que de se contenter d’une simple révision tarifaire, SFR a décidé d’aller encore plus loin : le groupe dégraisse et annonce une vaste réorganisation pour cet été.
SFR sérieusement bousculé
En à peine deux mois, l’opérateur a déjà perdu plus de 200.000 clients, soit environ 1% de sa base installée. Mais SFR craint que la fuite des clients continue et anticipe déjà une baisse sensible de ses profits cette année.
Le deuxième opérateur français a donc décidé de rebattre les cartes, en commençant par le sommet : Vivendi, la maison mère de SFR, s'est séparé en début de semaine de Franck Esser, pourtant patron historique de l'opérateur. Jean-Bernard Lévy, patron de la maison mère a dévoilé mercredi aux représentants du personnel une feuille de route qui passera notamment par des suppressions d’emploi.
Une priorité : tailler dans les coûts
Décidé à revoir sa stratégie, SFR a d’abord établi une priorité : tailler dans ses coûts, et notamment dans son personnel. L’entreprise prévoit le gel des recrutements en CDI, des non-renouvellements de CDD ainsi que des arrêts de contrats d'intérim ou de prestataires.
L'ensemble de ces mesures représenteraient entre 150 et 200 emplois, selon les estimations des sources syndicales. "Ce n'est que le début", a indiqué l'une des sources, selon laquelle la direction de l'opérateur prévoirait 1.500 suppressions d'emplois par le biais de non-renouvellements de CDD et d'arrêts de contrats d'intérim ou de prestataires dans les 18 à 24 prochains mois.
Un vaste plan stratégique dévoilé cet été
Couper dans les effectifs ne suffira probablement pas, d’autant que les analystes de Credit Suisse estiment que le revenu moyen par abonné SFR va reculer au total de 35% entre 2009 et 2015.
L’opérateur a donc entamé une large réflexion et va présenter cet été une nouvelle stratégie visant à tout revoir ou presque : fonctionnement de l’entreprise, effectif, mais aussi offres tarifaires.
SFR n’est pas le seul à être touché, Bouygues a déjà annoncé un plan d'économie de 300 millions d'euros pour sa division télécom. Résultat : l'Arcep, le gendarme des télécoms, estime ainsi que le secteur devrait perdre entre 5.000 et 10.000 emplois dans les années à venir. Une estimation qui ne tient pas compte des emplois directs créés par Free Mobile, soit déjà 1.000 personnes et probablement 5.000 à l'horizon 2018.