La France a-t-elle les capacités de rembourser ses dettes ? De moins en moins, répond Fitch. L'agence de notation, l'une des trois principales au niveau mondial, a dégradé la note de la dette française de AA+ à AA. Pourquoi ? L'agence cite trois raisons principales.
- On ne va pas assez vite. Le rythme des reformes n'est pas assez soutenu, estime l'agence. Loi croissance, pacte de responsabilité, Budget 2015... Selon Fitch, il y a de l'idée, mais ce n'est pas assez clair. Et surtout, ces réformes prennent trop de temps à se concrétiser. "Le programme de réformes structurelles de la France n'apparaît pas suffisant pour renverser les tendances négatives qui pèsent sur la croissance à long terme et la compétitivité", tacle l'agence.
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- La reprise n'est pas là. Les perspectives de croissance, c'est le gros point noir de la France. Le PIB est à l'arrêt, et le gouvernement ne prévoit que 0.4% de croissance pour cette année, et 1% l'an prochain. Et selon l'agence, même ces faibles prévisions sont difficiles à tenir. "L'économie française devrait croître moins que la moyenne des pays de la zone euro pour la première fois en quatre ans", prévient Fitch.
- Les comptes publics sont dans le rouge. La situation budgétaire et la hausse de la dette de l'Etat sont les dernières raisons avancées. La dette va frôler les 100% du PIB l'an prochain. C'est à dire qu'elle sera aussi importante que tout ce que l'on produit sur une année. Les "dernières déviations dans les objectifs budgétaires (...) affaiblissent la crédibilité budgétaire" de la France, assène encore l'agence.
>> Des prévisions crédibles ? A Bercy, on se veut rassurant. Le gouvernement assure que Fitch sanctionne le passé et que les dernières réformes porteront leurs fruits. Le maintien de taux d'emprunts toujours très bas pour la France, les prix de l'euro et du pétrole qui baissent laissent par ailleurs espérer un possible décollage de l'économie française. La croissance française est d'ailleurs légèrement reparti à la hausse au troisième trimestre (+0,1%), ce qui laisse penser que le gouvernement pourra encore tenir ses objectifs. Selon l'OCDE, les réformes engagées par François Hollande pourraient même rapporter 3,7 points de croissance dans les 10 prochaines années.
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Il n'empêche, la situation est encore périlleuse pour l'économie française. Et le moindre soubresaut de conjoncture pourrait la faire replonger. L'agence Moody's a d'ailleurs maintenu le 19 septembre la perspective négative sur la note "Aa1" qu'elle donne à la France (ce qui reste tout de même la deuxième meilleure note possible). Et Standard and Poor's a pour sa part baissé la note de la France une première fois en janvier 2012 et une deuxième fois en novembre 2013, à "AA". L'agence a révisé la perspective de stable à négative le 10 octobre.