Flambée de l'immobilier: l'exemple allemand

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Thomas Morel , modifié à
A la différence de l'Allemagne, les prix flambent en France, ce qui pénalise l'économie.

L'immobilier est-il néfaste pour l'économie ? Alors que les taux immobiliers sont au plus bas en France, les économistes s'inquiètent des conséquences d'une hausse des prix incontrôlée. L'Allemagne, qui a mis en place depuis longtemps des mesures pour limiter une telle flambée, est elle plus épargnée.

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# Le cas allemand

En Allemagne la hausse des prix immobiliers est contenue : les prix ont augmenté selon le ministère de l'Economie de 10 % environ depuis 2000, tandis qu'en France, ils étaient multipliés par deux. Pour parvenir à ce résultat, Berlin a pu compter sur une politique de construction efficace : il se construit en effet 290.000 logements chaque année outre-Rhin, pour une demande évaluée à 280.000. Un chiffre à comparer avec la France, où, pour quelques 350.000 constructions de logements entamées, les besoins sont évalués à environ 500.000. Le parc étant plus important, les vendeurs ne peuvent pas pratiquer des prix particulièrement élevés.

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© REUTERS

# Pourquoi ça ne flambe pas chez eux

L'Allemagne bénéficie également d'une politique de modération des loyers, qui n'incite pas les particuliers à acquérir à tout prix leur logement. Le gouvernement a en effet créé un indice ultra-précis, qui fixe rue par rue les augmentations maximales autorisées. Les dépassements sont passibles de sanctions pénales. Il peut donc être plus avantageux de rester locataire longtemps. D'ailleurs, seuls 40 % des Allemands sont propriétaires de leur logement, contre 60 % en France.

# Pourquoi c'est un bon exemple

Pour beaucoup d'économistes, la fièvre immobilière française coûte cher aux entreprises. La hausse du prix des logements contraint en effet les entreprises à réévaluer les salaires régulièrement, et donc à augmenter leurs charges. "En renchérissant notamment le coût du travail, la hausse des prix immobiliers en France pourrait ainsi avoir dégradé la compétitivité-coût des entreprises françaises et détérioré la balance courante, expliquent les services du ministère de l'Economie dans leur rapport économique, social et financier pour 2013.

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© MAX PPP

Une hypothèse confirmée par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc). Selon lui, 40 % des entreprises françaises seraient affectées par les problèmes de logement de leurs salariés. Elles citent notamment des difficultés de recrutement, des refus de mobilité interne ou encore une baisse de la productivité.

L'OCDE a même fait le calcul du coût de l'immobilier pour l'économie française, dans une étude spécifiquement consacrée au marché français. Selon l'organisation, une hausse des prix du logement de 10 % entraîne une perte de compétitivité de 1,5 %, et une baisse des exportations de 1,5 %.

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Selon le ministère de l'Economie, l'inflation immobilière a aussi des conséquences sur l'orientation de l'épargne des ménages. Du fait de la hausse régulière des prix, les particuliers préfèrent investirent dans un appartement, dont la rentabilité est quasi-garantie, qu'ailleurs. Au total, ce sont donc des milliards d'euros qui, au lieu d'être prêtés aux entreprises, sont investis dans l'habitat. Entre 1993 et 2012, la part des crédits aux entreprises a ainsi diminué de 13 points, au profit des crédits immobiliers.