Le rendez-vous. La CGT ne lâche pas la bride sur la loi sur l'emploi. La confédération a fait du rejet de cette mesure, tirée de l'accord sur la flexisécurité (signé le 11 janvier par le patronat et trois syndicats, dont la CFDT), l'enjeu majeur des manifestations du 1er mai. Présent sur tous les slogans et les banderoles, le sujet sera au cœur des cortèges de la centrale dirigée par Thierry Lepaon. Pour la première fois depuis des années, la CGT ne défilera d'ailleurs pas aux côtés de la CFDT un 1er mai, précisément à cause de cette loi.
>>> Mais derrière cette opposition catégorique de la centrale au niveau national, il y a une réalité plus subtile sur le terrain. On vous explique.
Que dit ce projet de loi ? Afin de permettre aux entreprises de s'adapter aux difficultés économiques, le projet de loi vise à leur donner plus de "flexibilité". Il prévoit, par exemple, qu'en cas de "graves difficultés conjoncturelles", un employeur pourra conclure, pendant deux ans, un accord pour "aménager" temps de travail et rémunération des salariés. Il contient également certaines mesures visant à raccourcir les procédures de licenciement ou encore à favoriser la mobilité interne des salariés. En échange, le projet instaure un certain nombre d'avantages aux employés, comme une mutuelle obligatoire ou un droit renforcé à la formation. En outre, le gouvernement s'attend à ce que le marché de l'emploi se dynamise et que les entreprises n'aient plus peur d'embaucher.
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Bosh : la CGT du bas contre celle du haut ? La CGT, au niveau national, estime qu'il s'agit d'un cadeau fait au Medef. Pourtant, plusieurs délégations locales ont signé des accords dans leurs entreprises ressemblant fort à ceux décriés par leurs représentants parisiens. Il y a quelques jours, le syndicat CGT de Bosch a ainsi signé un accord qui introduit de la flexibilité dans la principale usine du groupe en France, l'usine de Rodez dans l'Aveyron. Modération des salaires ou encore report de 10 jours de RTT d'une année sur l'autre était le prix à payer pour garder sur place une partie de la production. Et la CGT locale(tout comme Sud, d'ailleurs) a donné son accord.
La CGT d'en haut contrainte de lâcher du lest. "Ça n'a pas été simple. La CGT Bosh n'est pas sur un nuage avec cet accord. On l'a d'ailleurs fait valider auprès de notre fédération, à Montreuil. On a fait en sorte que cette accord ne remette pas en cause les postions au niveau national", affirme, pour sa part, le négociateur Philippe Rech. Sauf que, sur certains points, il est permis de s'interroger. Le chef de file de la métallurgie CGT à Paris, Philippe Martinez, interrogé par Europe1, reconnaît lui même qu'il y a quelques similitudes avec l'accord du 11 janvier. Mais, fait-il valoir, les propositions initiales de la direction étaient bien pires. Et après deux jours de grève, la copie est devenue plus présentable. Alors difficile de s'y opposer... d'autant que les salariés souhaitaient la signature de l'accord, ajoute-t-il.