L’ombre d’un doute. A peine rendue publique, l’information a été démentie. Non, Vincent Peillon assure ne jamais avoir proposé de geler pendant deux ans l’avancement automatique des fonctionnaires pour réaliser des économies. Pourtant, plusieurs journalistes l'auraient pourtant entendu de la bouche même du ministre de l'Education.
Un repas avec la presse. Cette proposition choc, Vincent Peillon l’aurait évoquée mercredi lors d’un déjeuner avec plusieurs médias. Or les cinq journalistes présents, qu’ils travaillent aux Echos, au Figaro ou à Challenges, ont tous donné la même version à Europe 1.
Vincent Peillon leur a expliqué, selon eux, qu'il était très inquiet du décrochage de l'économie française et que la seule chance de salut, c'était que le pacte de responsabilité se fasse rapidement.
Ce qu’a dit Vincent Peillon. Puis le ministre a passé une bonne partie du repas à expliquer que la meilleure méthode pour réduire les dépenses était d’agir de manière "transversal" au niveau des salaires des fonctionnaires.
En clair, la réduction des dépenses publiques ne peut, à ses yeux, passer par la suppression de deux postes par-ci et trois postes par-là, mais suivre une ligne directrice claire. Cette stratégie générale, qu’il a déclaré vouloir présenter samedi à François Hollande lors du "Conseil Stratégique de la Dépense Publique", est celle qu’il a ensuite démentie dans les médias : geler l'avancement automatique des fonctionnaires pendant deux ans.
Une mesure jugée plus efficace. Et le ministre d’avancer plusieurs chiffres : 10.000 enseignants en moins, c'est une économie de 300 millions d’euros… et la révolution. Alors qu’un point d'indice en moins, cela représente 800 millions et bien moins de grogne sociale. Le directeur de cabinet de Vincent Peillon aurait alors présenté un rapport qui reprenait ces éléments, avec un petit graphique à l'annexe 5.
Évidemment, cette idée n'est pas anodine quand elle est émise par le ministre de l'Education Nationale, qui représente la moitié des fonctionnaires du pays. A la fin du déjeuner, Vincent Peillon n'aurait donc pas interdit qu'on mentionne cette piste de travail, avec néanmoins un bémol : que les journalistes ne reprennent pas ses propos tels quels. Le démenti virulent qui a suivi était donc assez incompréhensible.
RIGUEUR - Quand Peillon propose de geler l'avancement automatique des fonctionnaires
ETAT DES LIEUX - Rentrée au régime pour les fonctionnaires
PERSPECTIVES - Comment dynamiser la fonction publique ?