Xavier Bertrand a-t-il joué un rôle dans le plan social de Fralib, validé par la justice deux jours avant le premier tour de l'élection présidentielle ? Oui, affirme Le Parisien, lundi. Le quotidien prétend, sur la base d'éléments qu'il a consultés, que "le cabinet de l'ancien ministre du Travail serait intervenu pour bloquer un courrier de l'administration pointant des irrégularités dans le plan social de Fralib".
"Arrêtez tout dans cette affaire"
En mars dernier, la direction régionale de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte) étudiait la troisième version du plan social de l'usine de thé et tisanes Elephant de Géménos, dans les Bouches-du-Rhône, et s'apprêtait à envoyer sa "lettre d'observations", comme elle l'avait déjà fait avec les deux premières versions, retoquées. Mais la missive n'est jamais, partie, bloquée par le cabinet de l'ancien ministre du Travail, révèle le quotidien en s'appuyant sur des extraits de discussions entre un fonctionnaire de la Direccte et des élus de Fralib, début mars.
"Le secrétaire du cabinet de Xavier Bertrand est intervenu [...] en disant : 'vous arrêtez tout dans cette affaire'", aurait confié le fonctionnaire, assurant au passage que "sans cette intervention, la lettre serait partie". "C'est une décision qui a été prise par l'Etat, on assumera".
Le fonctionnaire assure lors de cette discussion avec les élus de Fralib que "ce n'est pas la lettre qui aurait modifié le plan de sauvetage de l'emploi. Par contre, elle aurait pu avoir une influence dans une procédure judiciaire, dans l'évolution du jugement".
"Document fantôme"
Le 20 avril, la justice validait finalement le troisième plan social d'Unilever sans jamais avoir eu connaissance des "irrégularités" qu'avait relevé l'administration. Officiellement, précise Le Parisien, la lettre "est un document fantôme" qui "n'existe pas".
L'usine de Géménos, la seule en France à produire les thés Lipton et les infusions Elephant, est occupée depuis plusieurs mois par ses salariés, qui s'opposent à sa fermeture, décidée en septembre 2010 par Unilever. La production y a cessé depuis la fin juillet 2011.