Free révolutionne-t-il le marché ?

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DECRYPTAGE -

Le nouvel opérateur arrive sur le marché avec des prix cassés.

C'est par un show à l'américaine que Xavier Niel a présenté ses offres tant attendues mardi. Le PDG d'Iliad, la maison-mère de Free, a justifié le faible coût de ses deux offres par le "ras-le-bol de se faire arnaquer". "On vous presse comme des citrons, c'est nous les pigeons", a-t-il lancé devant une foule de journalistes et 600.000 internautes qui suivaient la conférence en direct. Sommes-nous vraiment des "pigeons" ? Free va-t-il tout révolutionner, comme son PDG le claironne ? Les réponses d'Europe1.fr.

Pour Xavier Niel, "le 10 janvier, c'est votre libération, la fin du carcan dans lequel vous avez été enfermés ces quinze dernières années".  "Cela fait des années qu'on le dit, le prix de la téléphonie mobile en France est exorbitant", précise Edouard Barreiro d'UFC-Que choisir. Avoir un abonnement téléphonique est en effet presque un luxe en France. Le pays se classe 20e sur 30,  dans une étude sur les tarifs téléphoniques menée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 2009. Et ce sur différents types de consommation, faible, moyenne ou élevée. La France propose des tarifs deux à quatre fois plus élevés que les pays scandinaves, champions incontestés du "low cost" en Europe.

Avant l'arrivée de Free, la cherté des forfaits s'expliquait notamment par les énormes bénéfices réalisés par les opérateurs en place. Orange, SFR et Bouygues réalisaient "30 à 40% de marge" selon Edouard Barreiro, spécialiste multimédia chez UFC-Que choisir.

Un hors-bord contre trois paquebots

La différence de prix avec Free s'explique aussi par des structures plus lourdes. Free ne compte que deux boutiques dans toute la France, contre plusieurs centaines pour les trois opérateurs historiques. "Face aux trois paquebots, Free est plutôt un hors-bord, plus léger", image ainsi Benjamin Douriez, rédacteur en chef adjoint de 60 millions de consommateurs.

Un "hors-bord" qui, lui, sort des chemins traditionnels. En 2007, les trois opérateurs historiques avaient écopé d'amendes record par le Conseil de la concurrence pour entente illicite sur les tarifs. Orange avait dû payer 256 millions d'euros, 220 pour SFR et 50 millions pour Bouygues. Par la suite, la Cour d'appel avait validé cette sanction, confirmant qu'il y avait bien eu pratiques anticoncurrentielles.

Il a Free, il a tout compris ?

C'est dans ce contexte que débarquent les nouvelles offres de Free. Après plus de cinq ans d'attente, Xavier Niel a officiellement lancé un forfait illimité à 19,99€, abaissé à 15,99€ pour les abonnés FreeBox. Il comprend des appels, SMS, MMS illimités vers les numéros fixes et mobiles d'une quarantaine de destinations. L'Internet aussi est illimité, mais la qualité de navigation est réduite au-delà de 3Go.

Outre le forfait tout illimité, Xavier Niel a présenté un forfait "social" à 2€ par mois, gratuit pour les abonnés FreeBox, qui contient 60 minutes d'appel et 60 SMS. S'il ne comporte aucun abonnement Internet, ce forfait a un autre avantage : le faible coût du hors forfait. Un SMS hors-forfait coûte en effet 1 centime, et une minute d'appel 5 centimes. Ce qui donne pour 10€ : 3h et 260 SMS, ou 2h et 560 SMS…

Le meilleur réseau de France selon Niel

Si Free ne possède que 30% de réseau propre, cela ne signifie pas que les clients ne capteront que dans trois villes sur dix. "Nous avons un accord avec un opérateur pour couvrir le reste du territoire", a précisé Xavier Niel sur Europe 1 mardi. On captera Free partout en France, de la même manière que les autres opérateurs. En mieux, selon Xavier Niel. Le réseau de Free et celui de "meilleure qualité actuellement en France".

Petite révolution de Free, ses abonnements sont compris sans engagement. Le consommateur pourra résilier à tout moment sans frais supplémentaire. Petit hic, il faudra bien rembourser le téléphone acheté à part. "Le client s'engagera tout de même à payer son mobile sur 12, 24 ou 36 mois", explique Benjamin Douriez, rédacteur en chef adjoint de 60 millions de consommateurs.

Mais cela ne pose aucun problème pour Edouard Barreiro. "J'ai fait moi-même les calculs, il est moins cher sur le long terme d'acheter un téléphone plein tarif avec un petit forfait que de le payer à 1 euro avec un forfait plus cher", tranche le spécialiste d'UFC-Que choisir.

Des baisses générales à venir ?

Avant même l'arrivée de Free sur le marché, Bouygues, SFR et Orange avait proposé de nouvelles offres "low cost". B&You Red et Sosh étaient censés concurrencer Free. Mais l'annonce concrètes des deux forfaits du nouveau devrait encore faire bouger les choses.

Mardi matin, lors de son show, Xavier Niel a publiquement secoué ses concurrents, en les parodiant dans un petit film pour moquer leur stratégie et leurs tarifs.

Le film parodique diffusé avant la conférence :

Free : lancement de l'offre mobilepar Free

Une attaque qui n'est pas restée sans réponse. "C'est le jour J pour Free et nous les laissons savourer. Mais que nos clients se rassurent, nous reviendrons vite vers eux pour parler des propositions que nous avons préparées", a ainsi réagi l'opérateur historique Orange.

"C'est une offre de lancement réservée aux trois premiers millions, on verra ce qu'il se passe ensuite", a ajouté Franck Cadoret, directeur général de SFR. Edouard Barreiro pronostique lui une "guerre des services" dans laquelle "l'innovation se distinguera".