Un rapport remis mardi au gouvernement souhaite les obliger à donner leurs invendus à des associations.
En France, l’équivalent de 20 kilos de produits alimentaires par Français sont jetés chaque année. Le gouvernement s’était donné d'ailleurs en 2013 l’objectif de diviser par deux le gaspillage alimentaire d’ici 2025. Le rapport qu’il va recevoir mardi pourra peut-être l’aider à l’atteindre. Son auteur, Guillaume Garot, député PS de la Mayenne et ancien ministre délégué à l’Agroalimentaire, y propose d’interdire aux grandes surfaces de jeter les invendus et de les obliger à les donner à des associations.
"Une marchandise pas comme les autres". "Ce que je proposerai au gouvernement, c'est qu'on pose le principe de l'interdiction de jeter l'alimentation (pour la grande distribution)", a déclaré mardi Guillaume Garot. Si l’ancien ministre cible tous les acteurs du gaspillage dans son rapport, la grande distribution est particulièrement dans son viseur.
"Je pars du principe que l'alimentation n'est pas une marchandise comme les autres. Il faut tout faire pour ne plus jeter. C'est un scandale éthique mais aussi une question de pouvoir d'achat", a expliqué Guillaume Garot. L’enjeu est tel que, selon lui, une agence nationale contre le gaspillage alimentaire devrait être créée.
Rayons "anti-gaspillage". Ses propositions s’accompagnent de solutions pour encadrer "l’interdiction de jeter" et l’"interdiction de javelliser" les denrées jetées. Le socialiste propose ainsi une meilleure gestion des stocks ainsi que la mise en place de rayons "anti-gaspillage avec des produits qui approchent de la date de péremption” et "vendus moins cher". Il avance aussi que le consommateur doit avoir accès aux "bonnes informations accessibles et lisibles" concernant l’état du produit.
Enfin, si des grandes surfaces effectuent déjà des dons à partir de leurs invendus, le rapport de Guillaume Garot préconise des "conventions" entre distributeurs et associations pour mieux les organiser.
Et les produits périmés ? Le rapport ne néglige pas les produits périmés qui ne peuvent plus être consommés par les humains. Guillaume Garot s’exprime en faveur de l’établissement de nouvelles filières de distribution vers l’alimentation animale ou la valorisation énergétique. Les produits alimentaires inconsommables pourraient en effet être utilisés via la méthanisation.
Le Sénat, dans le cadre des débats sur le projet de loi Macron, s’est déjà emparé du sujet la semaine dernière en autorisant les supermarchés à distribuer leurs invendus alimentaires aux associations. Mesure qui doit cependant être encore validée par l’Assemblée nationale pour être appliquée.
Un plan anti-gaspi déjà en 2013. Lorsqu’il était encore ministre délégué à l’Agroalimentaire en 2013, Guillaume Garot avait déjà proposé un pacte nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire. Une journée nationale de lutte contre ce fléau (le 16 octobre) et des formations dans les écoles hôtelières et les lycées agricoles avaient été mises en place. Il avait aussi été décidé de remplacer la date de péremption des produits par la phrase “à consommer de préférence avant…”.
En France, 10 millions de tonnes jetées par an. Chaque année en France, les foyers jettent 6,5 millions de tonnes de déchets alimentaires dont 1,2 million encore consommables. La distribution en jette 2,3 millions de tonnes et la restauration, 1,5 million. Selon l'organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à l’échelle mondiale, c’est un tiers des denrées alimentaires, qui du champ à l’assiette, sont gaspillées.
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