>> L'info. L'usine Goodyear d'Amiens Nord va sans doute fermer ses portes. C'est en tout cas ce qu'a annoncé jeudi matin la direction, lors d'un comité central d'entreprise. 1.173 personnes pourraient ainsi perdre leur emploi. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, souhaite toutefois "ramener tout le monde à la table des négociations". Négociations qui s'annoncent par avance tendues, tant direction et syndicats se rejettent la responsabilité l'un sur l'autre. On vous explique tout.
• Une activité en crise. Le fabricant de pneus, qui connaît une activité cyclique, traverse une période difficile, marquée par la crise économique et l'effondrement des ventes de voitures en Europe. Entre 2008 et 2011, il a accumulé 60 millions d'euros de pertes par an sur le seul site d'Amiens. Conséquence, depuis plusieurs mois, l'usine tournait au ralenti, à raison de quelques heures de production par jour.
• L'échec de la reprise. Et les perspectives d'Amiens Nord se sont encore assombries à l'été 2012, quand le seul repreneur intéressé, l'Américain Titan, a jeté l'éponge. Les syndicats avaient alors refusé de signer un accord qui prévoyait l'abandon de l'activité de pneus pour véhicule de tourisme et un recentrage sur l'activité de pneumatiques agricoles. C'est ce qui, pour la direction, a signé l'arrêt de mort du site. "La fermeture est regrettable, d'autant que des solutions auraient pu être retrouvées. Depuis cinq ans, nous avons travaillé, nous avons recherché des repreneurs, nous avons proposé un plan de départs volontaires extrêmement favorable. Mais les propositions ont systématiquement été rejetées. Plus de 500 emplois auraient pu être sauvés", a déploré jeudi au micro d'Europe1 Henri Dumortier, directeur général de Goodyear France.
• "La CGT, coupable facile à trouver." "C'est bien la direction qui prend les décisions. Cette fermeture s’inscrit dans la continuité de décisions de dirigeants qui veulent massacrer leur entreprise et qui ne savent pas où ils vont", a pour sa part taclé Mickael Mallet, délégué CGT, syndicat majoritaire sur le site, interrogé par Europe1. Selon lui, les accusations de la direction visent directement la CGT, qui a refusé de signer un plan de départs volontaires, en 2008. "Nous sommes un coupable facile à trouver, il n'y a que la CGT qui se bat pour les emplois d'Amiens. Nous ne regrettons pas", a poursuivi le syndicaliste. Les syndicats ne veulent surtout pas baisser les bras et espère une annulation du plan social en justice, comme ils l'avaient obtenue en 2008.
• Montebourg veut rediscuter. Le ministre du Redressement productif souhaite "ramener tout le monde à la table des négociations", a-t-il annoncé jeudi. Outre l’État, le ministre veut réunir syndicats, direction de Goodyear et le repreneur potentiel Titan, avec qui les négociations ont échoué en juin. "Nous ne sommes pas sûrs d'y arriver" a toutefois ajouté le ministre, qui a indiqué avoir contacté lui-même le repreneur américain, sans avoir de réponse pour l'instant.