"Frau Merkel, dehors", "Dehors les impérialistes". Les slogans hostiles à la chancelière allemande et à la politique d’austérité imposée en Grèce par ses créanciers ont fusé dans les rues d’Athènes mardi après-midi. Près de 25.000 manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville pour protester contre la visite d’Angela Merkel, venue apporter son "soutien" au premier ministre grec Antonis Samaras alors que le pays doit mettre en place des économies budgétaires supplémentaires pour obtenir une nouvelle tranche d’aide.
Pour cette visite sous haute tension, environ 6000 policiers étaient mobilisés pour interdire l’accès aux abords du Parlement, de l’ambassade d’Allemagne et des palais gouvernementaux. L’essentiel des manifestants ont défilé dans le calme mais des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes ont été tirés contre quelques dizaines de personnes qui lançaient des pierres et des bouts de marbre sur les forces de l’ordre. D'autres ont tenté de mettre à terre une barrière. Des dizaines de manifestants ont été arrêtés.
Dans le cortège, des manifestants issus de la droite nationaliste grecque scandaient des slogans faisant référence à l’Allemagne nazie. "Non au 4ème Reich", était-il ainsi écrit au milieu de croix gammées. Quelques personnes défilaient même déguisées en officiers SS.
"L'Europe des peuples vaincra l'Europe de la rigueur"
Alexis Tsipras, le leader charismatique de Syriza, le parti de la gauche radicale grecque, a quant à lui cherché à recentrer le débat. La visite d’Angela Merkel est "l'occasion de dire que l'Europe des peuples vaincra l'Europe de la rigueur, a-t-il déclaré. La tradition démocratique européenne ne laissera pas la Grèce devenir un cimetière social". Alexis Tsipras était accompagné du chef du parti de gauche allemande Die Linke, Bernd Rixinger.
Angela Merkel a, pour sa part, salué les "progrès accomplis" par la Grèce, s’estimant "convaincue que l'effort difficile en vaut la peine"."Je sais très bien, comme je viens des pays de l'Est, que les réformes vont prendre un peu de temps" a-t-elle ajouté. La chancelière allemande a également souligné qu'en plus d'une politique d'austérité, le pays avait besoin de croissance pour s'en sortir. "Je veux que la Grèce reste dans l'euro", a-t-elle réaffirmé. Antonis Samaras a de son côté assuré que son pays respecterait ses engagements auprès de ses créanciers. "J'ai souligné à la chancelière que le peuple grec saigne, mais est déterminé à rester dans l'euro", a-t-il déclaré.
Les manifestants grecs accusent l'Union européenne d'aggraver la crise dans leur pays :