Si les institutions européennes ont déjà eu affaire avec l’extrême-droite, au pouvoir en Autriche entre 1983 et 1986 puis entre 2000 et 2003, jamais Bruxelles n’a eu à traiter avec un gouvernement issu de la gauche radicale. Or c’est bien le scénario qui se dessine en Grèce : sondage après sondage, le parti Syriza est annoncé comme le futur vainqueur des élections législatives anticipées qui ont lieu dimanche. La Commission élabore donc actuellement sa ligne de conduite avec un impératif : éviter le conflit.
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Ce que promet Syriza. Le parti mené par Alexis Tsipras veut mettre fin à l’austérité dans un pays en récession depuis six ans et où le chômage dépasse les 25%. Syriza veut donc la fin des politiques de rigueur et parler relance. Sans oublier la question de la dette grecque, qui a augmenté à cause de l’atonie de l’économie grecque. Alexis Tsipras martèle donc qu’il veut renégocier cette dette et obliger les créanciers de la Grèce à la réduire fortement.
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Eviter le "Grexit", le premier dossier de la Commission. Cette question de la dette grecque est très sensible car le pays a déjà bénéficié en 2012d’un effacement de sa dette. Ses créanciers et les banques ont fait une croix sur 50% de l’argent que la Grèce devait leur rembourser et ont pu, en échange, revendre ces créances aux Etats européens. Athènes aura du mal à obtenir une nouvelle réduction de sa dette, à moins d’opter pour la manière forte : se déclarer en faillite et quitter la zone euro.
Un scénario, baptisé "Grexit", que veut absolument éviter la Commission européenne. Officiellement, l’économie grecque est en train de se redresser, il n’y a donc aucune raison d’en arriver à ce qu’on appelle pudiquement à Bruxelles un "accident". Un avis partagé par le FMI, dont le porte-parole a assuré que "ce n'est même pas quelque chose que nous examinons". L’Europe redoute néanmoins des déclarations à l’emporte pièce d’Alexis Tsipras qui pourraient faire souffler un vent de panique. Un afflux des Grecs dans leurs banques pour retirer leurs économies pourrait faire vaciller un système bancaire grec encore convalescent.
Le vrai sujet : renégocier (encore) la dette. Si Bruxelles envisage l’hypothèse d’un "Grexit", ce scenario est néanmoins jugée peur probable. La deuxième piste, une demande d’effacement partiel de la dette, est en revanche jugé bien plus probable. Alors la Commission européenne cherche à anticiper les demandes d’Athènes.
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Un nouvel effacement de la dette est un scenario jugé politiquement très sensible puisque ce sont cette fois-ci les contribuables européens qui paieraient la note. L’UE cherche donc une proposition alternative et plus discrète, un allongement des prêts ou une baisse des taux d’intérêt, mais pas à n’importe quel prix : en échange de réformes pour améliorer le fonctionnement de l’Etat (collecte de l’impôt, cadastre, etc.). Une forme de carotte pour convaincre Syriza de préférer la négociation à la confrontation.
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