Agroalimentaire, textile, BTP, aucun secteur n'est épargné par la crise de la Grèce, notamment en France.
Alors que le gouvernement grec négocie en ce moment avec la "troïka" (Union européenne, FMI et Banque centrale européenne) pour obtenir une nouvelle tranche d'aide de 8 milliards d'euros, la dette abyssale du pays bloque les entreprises. Et les répercussions sur les sociétés françaises se font sentir.
"Du jamais vu"
Certaines d'entre elles rencontrent de grandes difficultés pour se faire payer leurs factures en Grèce. Depuis un an, le nombre d'impayés a été multiplié par deux. Et la tendance ne va pas en s'améliorant. "C'est du jamais vu", commente Philippe Liszewski, directeur du contentieux à la Coface, un assureur-crédit, notamment chargé par les entreprises de récupérer les impayés.
Au nombre croissant d'impayés s'ajoute des factures aux montants exorbitants. "Alors qu'auparavant les factures s'élevaient à 8.000, 10.000, voir 20.000 euros, à présent les impayés dépassent 700.000, 800.000, et parfois un million d'euros", rapporte Philippe Liszewski.
L'allongement des délais de paiement
Jean-Luc Bélingard, PDG de BioMérieux, dont 85% du chiffre d'affaires provient de l'étranger, a confirmé à Europe 1 que certaines sociétés grecques cumulent trois ans d'impayés. "Au-delà de la Grèce, l'Italie, l'Espagne, le Portugal ont un allongement du délai de paiement. En Grèce, les entreprises bénéficient d'un délai de 168 jours, soit environ 6 mois, pour rembourser leurs factures. Force est de constater que ces délais de paiement sont allégrement dépassés.
Interrogé par Europe1, Francis, qui tient un bureau à Athènes pour une grande entreprise de bâtiment française, confirme cette tendance. "C'est au moment où on apporte les chèques à la banque que l'on apprend qu'ils sont non-honorés ", raconte Francis. Ce dernier déplore une perte de 4 millions d'euros, soit un quart du chiffre d'affaires de la société.
L'économie française exporte chaque année près de 4 milliards d'euros de produits en Grèce.