La zone euro se montrait déterminée lundi soir à obtenir un accord pour lancer le second plan d'aide à la Grèce et lui éviter de sombrer dans la faillite. Des discussions étaient en outre rouvertes avec les banques pour combler un trou de plusieurs milliards d'euros.
Les ministres des Finances de la zone euro examinent depuis lundi après-midi si les conditions sont réunies pour allouer ce plan de sauvetage comprenant une aide publique de 130 milliards d'euros et un effacement partiel de la dette grecque détenue par des créanciers privés, à hauteur de 100 milliards d'euros.
D'ordinaire prudent, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a donné le "la" dès son arrivée à Bruxelles, se disant "confiant" quant au fait de trouver "une solution viable, capable de remettre la Grèce sur les rails à long terme".
Sur la même ligne, le Grec Evangélos Vénizélos s'est lui aussi dit "optimiste" sur la possibilité de trouver un accord dans la soirée.
Des bailleurs de fonds intransigeants
Athènes a rempli les conditions qui lui ont été demandées par ses créanciers publics (engagements écrits des deux chefs de partis de la coalition, plan d'économies de 3,3 milliards d'euros). Mais plusieurs questions doivent encore être réglées, alors que les principaux bailleurs de fonds de la Grèce ont mis le doigt sur un trou de plusieurs milliards d'euros.
Un rapport des principaux bailleurs de fonds de la Grèce a mis en évidence que le plan de sauvetage ne permettrait pas de réduire la dette publique grecque autant que prévu, au niveau de 120% du PIB en 2020 comme l'exigent le FMI et plusieurs pays de la zone euro, dont l'Allemagne et le Luxembourg.
Les différentes options
Parmi les options posées sur la table figure un nouvel effort des créanciers privés d'Athènes, qui se verraient proposer des taux inférieurs à ceux actuellement retenus pour les nouvelles obligations qu'ils vont obtenir en échange d'anciennes, selon une source gouvernementale grecque.
En début de soirée, le Premier ministre grec Lucas Papademos était en négociations avec les représentants des créanciers privés, selon des sources européennes. "Nous cherchons à obtenir un plan d'effacement de dette plus important", mais l'ampleur de l'opération dépend "d'autres facteurs", a indiqué une de ces sources.
L'opération est délicate car l'effort des banques qui ont déjà renoncé à une grande part de leurs créances grecques doit être volontaire, sous peine de déboucher sur un défaut de paiement pur et simple de la Grèce.
En outre, ce plan d'effacement de la dette doit être lancé d'ici mercredi pour éviter à la Grèce de sombrer dans la faillite d'ici le 20 mars, date à laquelle le pays doit rembourser 14,5 milliards d'euros.
Autres possibilités à l'étude: faire baisser les taux d'intérêts sur les prêts consentis par les créanciers publics à la Grèce dans le cadre de son premier plan de sauvetage et/ou impliquer d'une manière ou d'une autre la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales nationales.
Egalement au menu des discussions : la proposition du ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager, en faveur d'une surveillance "permanente" de la Grèce par l'Union européenne et le FMI, afin de mieux contrôler l'avancée des réformes et la mise en place de mesures d'austérité.
La zone euro travaille aussi à la création, réclamée par la France et l'Allemagne, d'un compte bloqué sur lequel serait versée une partie des fonds prêtés à la Grèce qui seront affectés en priorité au remboursement de la dette publique.
Des ministres européens confiants
Les regards se tournent aussi vers le FMI qui semble disposé à accorder un nouveau prêt à la Grèce, d'un montant toutefois limité. Conviée à la réunion de l'Eurogroupe, sa directrice générale Christine Lagarde a salué à son arrivée les "efforts très importants" réalisés par la Grèce et assuré que l'institution dont elle est à la tête serait "de la partie" pour l'aider.