Le rapport. Le FMI fait son mea culpa sur la Grèce. Son erreur de diagnostic, les fautes de sa méthode mais surtout l'échec des réponses apportées à la crise : le Fonds monétaire international avoue tout, dans un rapport publié mercredi soir, et qui évalue les résultats du plan d'aide de 110 milliards d'euros accordé à Athènes en mai 2010, en contrepartie d'un plan de rigueur drastique. Mais pas question d'endosser la responsabilité seul. Le FMI, en effet, n'est pas tendre avec les Européens, jugés trop peu "compétents"… et trop impliqués dans les négociations.
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Sur le diagnostic. "Il y a eu (...) des échecs notables. La confiance des marchés n'a pas été rétablie (...) et l'économie a été confrontée à une récession bien plus forte que prévu", reconnaît le Fonds monétaire international. L'institution, en 2010, lors du déblocage du plan d'aide de 110 milliards, s'était alors montrée bien optimiste en tablant sur un retour de la croissance en Grèce dès 2012 et une amélioration sur le front de l'emploi. Les faits lui ont donné tort : le pays s'enfonce actuellement dans la récession pour la sixième année consécutive avec un taux de chômage de 27%, malgré un deuxième plan d'aide international massif au printemps 2012. Les projections de dette publique grecque établies par le Fonds ont elles aussi été balayées "dans une très large mesure", reconnaît l'institution.
Sur les réponses apportées à la crise. Le FMI reconnait être en partie responsable de la situation, en tant que membre de la troïka avec l'Union européenne et la BCE. C'est cette coalition, principale créancière du pays, qui a exigé d'Athènes des mesures d'économie budgétaire en contrepartie d'un plan d'aide financière. Sans remettre en cause la rigueur, le FMI estime qu'il aurait dû exiger plus tôt, c'est-à-dire dès 2010, à Athènes de réduire sa dette, ce qui lui aurait évité de demander trop d'effort d'un coup par la suite. "Une restructuration plus précoce de la dette aurait pu alléger le fardeau de l'ajustement de la Grèce et contribuer à éviter une contraction aussi spectaculaire de la production", reconnaît-il. Un retard qui a également permis à de nombreux créanciers privés (banques, fonds d'investissement) de "s'échapper" du pays sans subir la moindre perte et de "passer le fardeau" aux Etats et donc aux contribuables.
Sur les relations avec la Troïka. Mais, soutient également le document, la principal erreur du FMI a surtout été de ne pas avoir su assez s'imposer auprès des deux autres membres de la troïka. Car, à en croire le rapport, ce sont les Européens qui ont tardé à exiger les restructurations de dette. "La restructuration de la dette avait été envisagée (dès 2010 ndlr) mais elle a été exclue par les dirigeants de la zone euro", qui craignaient qu'une telle mesure ne soit pas approuvée par les Parlements nationaux, indique le rapport. "Il n'y avait pas de division claire du travail" au sein de la troïka, pointe le document, qui ajoute que les Européens manquaient d'expérience et de "compétences" sur des programmes d'aide liés à de très strictes conditions.
Sur les relations avec la Grèce. Ultime pique que l'institution dirigée par Christine Lagarde se fait à elle-même : elle n'a pas assez discuté avec les autorités grecques et ne s'est pas assez préoccupée de savoir si ses décisions étaient de nature à recevoir un soutien politique suffisant à Athènes. Et là encore, c'est la faute des autres pays européens, à en croire le FMI. La Troïka aurait ainsi obligé le Fonds à "négocier d'abord avec les pays de la zone euro (...) et ensuite avec les autorités grecques". Une manière pour le FMI de reconnaitre, certes ses erreurs, mais surtout d'exiger un mea culpa européen.