La Grèce devra revoir sa copie. Après un premier accord de principe le 20 février dernier, les "institutions" n'ont en effet pas validé les réformes qu'Athènes avait mis sur la table le 6 mars. L'ex-troïka, constituée de la Banque centrale européenne (BCE), du Fonds monétaire international (FMI) et de la Commission européenne, ont passé au crible depuis samedi une vingtaine de propositions hellènes. Les négociations, difficiles, avec les experts grecs n'ont pas réussi pour le moment à aboutir à un accord. Les "institutions" continuent donc leur travail avant que l'Eurogroupe ne valide définitivement le plan de sauvegarde de la Grèce.
Lundi, les fourches caudines des "institutions"… Le suspens aura peu duré. Les "institutions", après trois jours d'examen du plan hellène, ne l'a pas encore entériné. Du côté grec, l'optimisme était pourtant de mise. Dans une interview donnée dimanche au journal grec Realnews, le premier ministre Alexis Tsipras s'est dit confiant quant à "une fin heureuse" et cela, "très prochainement".
Du côté "institutions", on sentait plutôt le vent mauvais. Un responsable européen avait déploré auprès de l'agence Reuters que les Grecs "n'ont pas soumis une liste de réformes" mais "ont montré simplement des idées". Un autre avait confié que "beaucoup plus de travail technique " était "nécessaire" afin de transformer les propositions grecques "en quelque chose de suffisamment complet et crédible qui puisse être soumis à l'Eurogroupe". À Bruxelles, les discussions vont donc pour le moment se poursuivre.
"Crédible" ? Autrement dit, les créanciers de la Grèce attendaient que le plan de réformes ne coûte… rien. L'équilibre financier doit en effet être préservé. Si la Grèce prévoit une nouvelle dépense, celle-ci doit automatiquement être financée par une nouvelle rentrée d'argent.
… puis celles de l'Eurogroupe. Une fois que les "institutions" se seront de nouveau réunies et auront valider les réformes grecques, Athènes devra convaincre les ministres des Finances de la zone euro. Ces derniers ont prévu de se réunir en avril en Eurogroupe pour valider définitivement le plan hellène. Mais le porte-parole du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a pour l'instant douché les espérances grecques. Il a constaté lundi à Berlin qu'il n'y avait pas de rendez-vous pour un nouvel Eurogroupe, que "la balle est dans le camp de la Grèce", qui "n'a pas fourni la liste" de réformes.
L'enjeu ? 7,2 milliards d'euros. Le but des négociations est pour Athènes de recevoir la dernière tranche du 2e plan d'aide de l'ex-troïka, soit la somme de 7,2 milliards d'euros.
Depuis le début de la crise, la Grèce a touché un total de 240 milliards d'aide. Mais elle peine encore à sortir la tête de l'eau. Et pour cause, si elle doit financer les dépenses propres à chaque pays, par exemple, payer ses fonctionnaires, elle doit aussi rembourser ce que les créanciers lui ont prêté. Le 9 avril, la Grèce doit ainsi verser 450 millions d'euros au FMI.
Le risque ? Être en défaut de paiement. Sans ces 7,2 milliards d'euros, la Grèce pourrait dès avril se retrouver en défaut de paiement. Avec des caisses vides, elle ne pourrait pas rembourser ses créanciers, ni même financer ses administrations.
La zone euro face à ce risque n'est cependant pas obtuse. Si le plan de réformes est jugé pour le moment insuffisant, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a fait savoir à plusieurs reprises que si les Grecs faisaient des efforts, cela pourrait suffire à débloquer 1 à 2 milliards sur les 7,2 prévus.
De l'eau dans son vin. Si la Grèce s'est voulue optimiste, c'est que selon elle, des efforts suffisants étaient proposés aux "institutions". Le gouvernement hellène prévoie ainsi d'augmenter la TVA sur certains produits et sur les jeux en ligne ainsi que les impôts sur les hauts revenus. Athènes souhaite aussi renforcer la lutte contre l'évasion fiscale mais aussi accélérer les privatisations. C'est ainsi que l'Etat grec pourrait abandonner sa participation majoritaire dans le port d'Athènes, Le Pirée, selon une annonce du vice-Premier ministre grec, Yannis Dragasakis. Selon les calculs des experts grecs, l'ensemble de ces propositions doit rapporter 3 milliards d'euros dans ses caisses.
Le gouvernement d'Alexis Tsipras, à coloration gauche radicale, n'en oublie cependant pas qu'il a été élu sur un programme anti-austérité. Dès lors, il refuse pour le moment d'envisager une réforme du système de retraite ou encore une revue à la baisse des salaires.
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