Le Parlement a voté le nouveau plan de redressement alors que la rue s'était embrasée.
Des manifestations importantes ont accompagné, dimanche, l'adoption par le parlement grec du nouveau plan de redressement. Pendant que les parlementaires débattaient, quelque 80.000 personnes, selon les derniers chiffres de la police, se sont rassemblées à Athènes devant le Parlement, à l'appel des syndicats, pour protester contre ce nouveau plan d'austérité.
Les manifestants et la police se sont affrontés violemment. Dans le centre ville, les manifestants ont jeté des cocktails Molotov et des pierres contre les forces anti-émeutes. La situation est restée "hors de contrôle" pendant plus de deux heures, selon une source policière. Plus de dix bâtiments, vides, étaient en flamme dimanche soir dans le centre d'Athènes, incendiés pour la plupart par des jets de cocktails Molotov.
A Salonique, la deuxième ville du pays, la police a dénombré 20.000 manifestants. Des heurts ont également éclaté entre les manifestants et les policiers qui ont riposté en tirant des gaz lacrymogènes.
Le nouveau plan de rigueur adopté
Ces tensions n'ont néanmoins pas empêché le Parlement grec de voté dimanche en faveur du programme économique d'austérité permettant de déclencher un sauvetage financier du pays et son maintien dans la zone euro demandé par les créanciers du pays. L’UE et le FMI exigent en effet son adoption pour sauver la Grèce de la faillite et assurer son maintien dans l'euro.
"Sur les 278 députés présents, 199 ont voté pour, 74 contre", a indiqué le président du parlement. Ce projet de loi a reçu le soutien des deux partis au gouvernement de coalition (socialiste et conservateur). Il a néanmoins provoqué de sérieux remous et fissures, avec la démission de six ministres durant la semaine. Les deux principaux partis ont néanmoins dû chacun radier de leurs rangs une vingtaine de députés contestataires.
Dette réduite à 120% du PIB
Le vote portait aussi sur un programme d'échange d'obligations réduisant sa dette à 120% du PIB d'ici 2020. Enfin, les députés ont voté un schéma de recapitalisation des banques grecques prévoyant la possibilité d'une nationalisation douce si elles ne trouvent pas les moyens de se recapitaliser dans le secteur privé dans les mois à venir.
Si le pays renonçait aux efforts demandés par les bailleurs de fonds, l'Etat serait "incapable de payer les salaires, les pensions et de maintenir des services de base comme les hôpitaux et les écoles", a prédit le Premier ministre en expliquant aux Grecs la "responsabilité historique" que prendra le parlement dimanche.
Un climat tendu depuis plusieurs jours
Ces derniers jours, les Grecs sont déjà descendus dans la rue pour protester contre l’abaissement de 22% du salaire minimum (et de 32% pour les jeunes de moins de 25 ans) et de la dérégulation du marché du travail. Ils s’opposent également à la réforme des retraites complémentaires, de la fiscalité et de la justice. Les syndicats dénoncent le "chantage" de la troïka des bailleurs de fonds du pays.