La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé vendredi matin aux compagnies aériennes opérant sur Roissy-CDG de réduire de 20% leur programme de vol. Le trafic aérien était déjà légèrement perturbé jeudi à l'aéroport parisien, en raison d'un mouvement de grève des salariés d'Aéroports de Paris (ADP), qui dénoncent le gel de leurs salaires en 2015 malgré les bons résultats du groupe.
Le mouvement, qui concerne les trois aéroports parisiens (Roissy, Orly et Le Bourget), a débuté à midi et doit se poursuivre jusqu'à vendredi midi. Selon une source aéroportuaire, "près de 20%" des 6.850 salariés du groupe étaient en grève jeudi. A Roissy, le mouvement avait entraîné des retards jeudi, "au départ comme à l'arrivée", "en moyenne de 25 à 30 minutes", selon une source aéroportuaire. A Orly, le mouvement n'a pas eu d'impact sur le trafic aérien, selon une autre source.
0% d'augmentation de salaires. La grève, lancée à l'appel de quatre organisations syndicales (CGT, FO, CFE-CGC et Unsa), vise à dénoncer la politique salariale menée par la direction, qui a décidé de geler les salaires en 2015, en dehors des augmentations individuelles. Elle concerne l'ensemble des personnels d'ADP, y compris les pompiers, ce qui explique les répercussions sur le trafic. "On nous annonce 0% d'augmentation pour 2015 et la même chose pour les cinq prochaines années (...) En parallèle, nos dirigeants ont la vie belle, leur rémunération augmente tous les ans", dénonce Christelle Martin, du syndicat FO.
Pour se faire entendre, plusieurs centaines de salariés se sont rassemblés jeudi après-midi près des aérogares. A Roissy, près de 300 grévistes ont participé au défilé, derrière une banderole "Faisons front à l'austérité injustifiée". A Orly, "entre 200 et 300", selon une source policière, étaient présents lors du rassemblement. Selon les syndicats, ce mouvement social est le plus important depuis la transformation d'ADP en société anonyme, en 2005.
Un bénéfice net de 60% ? Cette grève a lieu une semaine avant la publication des résultats d'ADP, qui devrait annoncer, selon les syndicats, un bénéfice net de près de 400 millions d'euros. "Près de 60% des bénéfices vont aller à nos actionnaires, et rien pour nous", s'agace Christelle Martin. Ce mouvement social intervient par ailleurs sur fonds de discussions conflictuelles entre ADP, l'Etat (son actionnaire principal) et les compagnies aériennes, dont Air France, dans le cadre du prochain contrat de régulation économique du groupe. Air France, en difficulté, souhaite un gel des redevances versées à ADP, jugées trop élevées.