Hausse des impôts et "plan caché" : Sarkozy dit-il la vérité ?

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FACT-CHECKING - L’ancien président de la République a assuré que le gouvernement avait un "plan caché" : une nouvelle hausse des impôts après les élections départementales.

Revenu sur le devant de la scène politique depuis septembre 2014, Nicolas Sarkozy n’a pas pour autant vu sa côte de popularité remonter dans les sondages. Alors l’ancien président de la République a décidé de hausser le ton, comme il l’a fait mardi sur TF1 en déclarant que le gouvernement a un "plan caché pour après les élections" départementales. Et le président de l’UMP d’annoncer un nouveau tour de vis qui prendrait la forme de "nouveaux impôts" ou du maintien "à zéro des prestations sociales". Mais les allégations de Nicolas Sarkozy sont-elles fondées ?

4 milliards d’euros à trouver, l’origine de la polémique. Pour comprendre le raisonnement du chef de file de l’UMP, il faut revenir au conflit qui oppose Paris à Bruxelles sur la question du déficit public. Alors que la France prévoyait un déficit de 4,1% du PIB en 2015, la Commission lui a rappelé ses engagements : 4%. Une différence de 0,1 point qui représente tout de même 2 milliards d’euros. Et on se penche sur le déficit structurel, qui ne dépend pas de la conjoncture et préoccupe le plus l'UE, l'écart entre Paris et Bruxelles atteint 0,2 point : la France doit donc trouver 4 milliards d'euros supplémentaires d'économies. Estimant que le gouvernement "ne sait pas où il va [les] trouver", Nicolas Sarkozy en a déduit qu’un nouveau cran dans l’austérité allait être franchi.

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Augmenter les impôts ? Pas prévu... "Après les élections, on apprendra qu'ils [le gouvernement, ndlr.] font de nouveaux impôts", a martelé Nicolas Sarkozy. Une affirmation à nuancer, d’abord parce François Hollande et Michel Sapin n’ont cessé de répéter qu’ils écartaient cette piste. On n’est pas obligé de les croire mais une nouvelle hausse de la fiscalité est difficilement envisageable après plusieurs augmentations consécutives et alors que la côte de popularité de l’exécutif est au plus bas.

...et surtout pas nécessaire. Et même si c’était son intention, le gouvernement n’en aurait pas forcément besoin car il peut profiter d’un contexte très particulier : les prix très bas du pétrole qui devraient, selon les professionnels du secteur, le rester au moins jusqu’à cet été. Le baril de Brent s’échange actuellement aux alentours de 53 dollars alors que le gouvernement avait élaboré le Budget 2015 sur l’hypothèse d’un baril au-dessus des 100 dollars. L’Etat va donc dépenser moins que ce qui était prévu pour se fournir en carburants, une économie qui est tout sauf anodine : "Bercy a déjà calculé que la baisse du pétrole et des matières premières allait alléger la facture du ministère de la Défense à hauteur de 1 milliard d'euros", selon Les Echos. Des économies sont également attendues dans d’autres ministères, et notamment à l’Intérieur, qui utilise de nombreux véhicules. Or le gouvernement a prévenu : cet argent économisé ne pourra pas être utilisé pour d’autres missions, il sera donc récupéré par l’Etat pour réduire son déficit. Certes, il ne s'agit pas d'une réduction du déficit structurel, on parle plutôt de déficit conjoncturel, mais cela va permettre à l'Etat d'avoir une plus grande marge de manœuvre.

Les prix bas du pétrole permettent de réaliser des économies, mais pas seulement : selon les estimations du FMI, cette baisse du prix du pétrole pourrait générer entre 0,7 et 0,8 point de croissance supplémentaire  au niveau mondial. Une reprise dont la France pourrait bien profiter, d’autant que la baisse de l’euro est censée doper ses exportations. Or plus d’activité, ce sont des rentrées fiscales supplémentaires qui peuvent permettre d’éviter une hausse des impôts.

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"Maintien à zéro des prestations sociales" : un abus de langage. Pour Nicolas Sarkozy, si le gouvernement renonce à agir sur la fiscalité, il ne lui reste pas beaucoup d’alternatives : "on maintient à zéro les prestations sociales". Factuellement, le président de l’UMP est dans le vrai : les prestations sociales ont dans la grande majorité été gelées. Mais ce n’est pas au nom de la rigueur que cela a été décidé : la revalorisation des prestations sociales dépend du niveau de l’inflation, or cette dernière est quasi-nulle. C’est donc parce que les prix n’augmentent pas que les prestations ne seront pas revalorisées, un arbitrage plus comptable que politique. Bref, lors de son intervention sur TF1, Nicolas Sarkozy a davantage fait de la politique que de l’économie.