La crise économique se transforme en crise d’hébergement. Le 115, numéro d’appel d’urgence pour les sans-abris, observe depuis la rentrée une recrudescence des appels. A tel point que, selon la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars), trois personnes sur quatre ayant appelé le 115 en septembre n’auraient pas eu de proposition d’hébergement. "Une situation alarmante à la veille de l’hiver", selon Florent Gueguen, le directeur général de la fédération. "Il y a un effet ‘crise économique’ très clair, notamment avec les expulsions locatives."
Interrogée sur l’antenne d’Europe 1, Cécile Duflot, ministre du Logement, a reconnu vendredi la gravité de la situation. C’est même, à l’en croire, "la pire crise depuis 15 ans". "Il y a beaucoup plus de demandes, beaucoup plus rapidement que ce que nous avons connu les années précédentes", explique-t-elle. Pour faire face, la Fnars demande 15.000 places d’hébergement supplémentaires. Appel entendu, selon la ministre : "Le Premier ministre et le gouvernement ont débloqué 50 millions d’euros, pour ouvrir toutes les places dont on a besoin. Nous travaillons avec l’ensemble des associations pour répondre aux demandes qu’on a identifiées, et pour trouver des lieux pour héberger ces demandeurs."
De plus en plus de familles qui n’ont pas les moyens de se loger
L’autre constat, c’est l’évolution des populations appelant le numéro d’urgence. Longtemps utilisé essentiellement par des hommes isolés, le 115 est de plus en plus sollicité par les femmes, et même parfois par des familles entières. "On voit de plus en plus de familles qui ne sont pas en situation de très grande précarité, qui travaillent, mais qui n’ont pas les moyens de se loger", s’inquiète Cécile Duflot. "C’est pour cela qu’il faut davantage de logements sociaux et essayer d’encadrer, de faire baisser le montant des loyers. Aujourd’hui, le montant des loyers n’est parfois plus compatible avec les niveaux de revenus."