L’info. La France n’aura d’ yeux que pour ses agriculteurs samedi, date d’ouverture du Salon de l’agriculture. Comme il est d’usage, le président de la République s’y rendra pour l’inaugurer et rencontrer les agriculteurs, un électorat stratégique. L’occasion pour Europe1.fr de dresser un premier bilan : il y a un an, nous avions interrogé les principales organisations agricoles pour savoir quels messages elles avaient pour le nouveau président. Un plus tard, Europe1.fr est retourné les voir pour savoir si elles ont le sentiment d’avoir été entendues.
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La FNSEA globalement déçue. L’an dernier, le premier syndicat avait érigé en priorité la baisse du coût du travail. Sauf que pour la FNSEA, "le président de la République est très séduisant dans les discours mais cela ne se traduit pas par des actes. Le dire, c’est bien, le faire c’est mieux".
Le Crédit impôt compétitivité (CICE) et la promesse du pacte de responsabilité ne satisfont pas Christiane Lambert, vice-présidente du syndicat : "on a en France un coût du travail qui est bien trop élevé mais le CICE n’a rien résolu : il ne s’adresse pas aux salariés agricoles et les coopératives ne peuvent pas en bénéficier. Son premier bénéficiaire, c’est le secteur de la grande distribution. Michel Edouard Leclerc en a été le grand gagnant mais je ne suis pas sûre qu’il en ait besoin". Mais Christiane Lambert ne baisse pas les bras : "il peut se rattraper : nous avons les états généraux vendredi. On a tout identifié et on accueille quatre ministres. On veut tout remettre à plat et surtout obtenir des réponses".
Bilan "globalement positif" pour les jeunes agriculteurs. Le syndicat des Jeunes agriculteurs, filiale de la FNSEA, estime lui "avoir été entendu" sur l'essentiel de ses revendications. "Le bilan est globalement positif", reconnait François Thabuis, son président. L'organisation demandait avant tout l’extension du contrat de génération pour les agriculteurs de moins de 30 ans. Et la mesure fait partie du projet de "loi d'avenir" débattu en ce moment au Sénat.
Deuxième satisfaction : avoir obtenu le déblocage d'un fonds de 100 millions d'euros en faveur de l'installation des jeunes agriculteurs. "On a fait un gros boulot de lobbying et on a été entendu. Mais il reste encore un tout petit sujet d'inquiétude : outre ce fonds de 100 millions, la politique d'installation des jeunes agriculteurs est confiée aux régions. Il faudra surveiller que certaines régions ne seront pas privilégiées et d'autres délaissées", prévient François Thabuis.
La Coordination rurale (pas encore) satisfaite. C’était la priorité du deuxième syndicat agricole : que les petits agriculteurs soient mieux représenté au sein des "interprofessions", ces instances où se négocient les prix avec l’industrie agroalimentaire. Des interprofessions que le syndicat estime aux mains de la FNSEA, dont il conteste la vision productiviste.
Un an plus tard, "on est à mi-chemin mais pas grand-chose n’a avancé", résume son président, Bernard Lannes. "Depuis longtemps, on demande que tous les syndicats y entrent et le candidat Hollande l’avait mis dans son programme. On veut casser la cogestion entre la FNSEA et le pouvoir en place", détaille-t-il.
"Pour l’instant, c’est en bonne voie, cette réforme devrait être mise en place au second semestre, dans le cadre de la loi d’avenir pour l’agriculture. Mais les négociations sont toujours en cours et la FNSEA a peur de perdre son monopole", poursuit Bernard Lannes. Méfiance donc en attendant que le texte soit définitivement adopté.
La Confédération paysanne regrette les choix présidentiels. Interrogé en 2013, le troisième syndicat en termes de représentativité attendait que le président de la République passe des paroles aux actes. Un an plus tard, il y a bien eu des actes… mais pas ceux attendus. "Alors qu’il était question d’aller vers un modèle un peu moins polluant et agressif, François Hollande nous a sorti qu’il faut être compétitif, aller chercher des parts de marché. On a l’impression qu’on est en train d’industrialiser l’agriculture, ce n’est pas ce qu’on attendait", regrette son porte-parole, Laurent Pinatel.
D’autant que, souligne la Confédération paysanne, "2013 était une année très particulière avec la réforme de la politique agricole commune et la réforme de la loi d’avenir pour l’agriculture. Avec les outils qu’il avait, François Hollande avait les moyens de réorienter notre modèle agricole". Et Laurent Pinatel de réclamer "l’ouverture d’un grand débat national pour répondre aux questions suivantes : quelle agriculture voulons nous ? Avec combien de paysans ? Et quelle alimentation ? ". Le débat ne fait que commencer.
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