Des promesses. François Hollande semble satisfait de sa mission de VRP express à Pékin. Dans l'avion qui le conduisait à Shanghai vendredi, le chef de l'Etat français a assuré que les Chinois avaient "parfaitement répondu" à son souhait de rééquilibrer les échanges commerciaux. Et pour cause : "la Chine ne cherche pas l'excédent commercial", à en croire Li Keqiang. "Elle veut importer davantage de produits français", s'est même engagé le chef du gouvernement chinois vendredi.
L'enjeu n'est pas des moindres, tant le déficit commercial de la France à l'égard de la Chine est abyssal : il s'est encore élevé l'an dernier à 26 milliards d'euros, soit environ 40% du déficit global.
>> Mais au-delà des promesses verbales, François Hollande a-t-il obtenu de signatures fermes ? On fait les comptes.
Dans l'aéronautique. La vente de 60 avions Airbus a été signée, mais il ne s'agit pas non plus d'une grande victoire pour François Hollande, car ces commandes étaient déjà prévues de longue date. Selon Le Figaro, Paris est même déçu par ce contrat, car Airbus espérait vendre 150 appareils. Le constructeur peut tout de même se réjouir d'avoir vendu quarante-deux A320 et dix-huit A330, alors que ce dernier était jusqu'à présent officieusement boycotté par la Chine pour protester contre la décision de l'Union européenne d'imposer une taxe carbone aux transporteurs aériens.
Dans l'agroalimentaire. La coopérative bretonne Cooperl, qui réunit 1 200 producteurs de la filière porcine, est peut être la plus grande gagnante après cette visite de 37 heures de François Hollande et sa délégation de chefs d'entreprises. Cooperl vend déjà son expertise auprès des éleveurs chinois depuis deux ans, et elle en génère 5 millions d'euros par an. Et elle vient de conclure "un accord de création d'une joint-venture avec (ses) deux partenaires chinois pour une ferme de 1 500 porcs pure race", indique la direction citée par Ouest-France. Concrètement, la coopérative bretonne a signé un accord pour commercialiser le matériel de génétique porcine nécessaire à cette future ferme.
>>> Pour Jean-Pierre Lafon, ancien ambassadeur de France en Chine, les Chinois regardent "avant tout leur intérêt" :
La France regrettera toutefois de n'avoir pas réussi à convaincre la Chine d'ouvrir complètement ses frontières aux éleveurs français. "Ils ont dû se contenter d'un engagement chinois à l'envisager, après une 'mission d'évaluation' en France. Le récent scandale de viande chevaline n'a pas aidé les négociations, et Pékin veut des garanties sur la traçabilité des produits", détaille Le Figaro.
Dans le nucléaire. La France n'a pas obtenu de commandes nouvelles de réacteurs, mais plusieurs projets ont été décidés. Une lettre d'intention a ainsi été signée entre Areva et la China National Nuclear Corporation (CNNC), "actant la volonté de négocier et de parvenir à un accord en vue de la construction en Chine d'une usine de traitement-recyclage des combustibles usés utilisant la technologie française". Areva, le China Guangdong Nuclear Power Group (CGNPC) et EDF vont également s'allier pour poursuivre un certain nombre d'études communes "en vue du développement d'un nouveau réacteur de troisième génération franco-chinois". Ces trois groupes vont également plancher sur une éventuelle phase 2 de la centrale nucléaire de Taishan, où deux réacteurs EPR sont déjà en construction.
Mais "ces quelques signatures officielles ne font, a priori, pas rêver. […] Rien de nouveau. […]Rien à inscrire dans le carnet de commandes", tacle le magazine spécialisé Usine nouvelle. Le site de l'hebdomadaire reconnaît toutefois que ces projets réchauffent les relations entre les deux pays. "Pourtant, ces quelques annonces sont de bonnes nouvelles ! N’oublions pas que les deux pays sortent d’une crise en la matière. […]La signature de ces quelques engagements rassure un peu. Le premier marché mondial du nucléaire n’est pas définitivement fermé aux entreprises françaises", se réjouit l'article, titré : "Nucléaire, la Chine et la France resserre les liens".
Dans l'environnement. Suez Environnement a également annoncé la création d'une co-entreprise avec le groupe chinois Beijing Enterprises, dédiée à la gestion et l'exploitation d'installations de traitement des déchets en Chine.
Autres accords encore dans la musette. Plusieurs autres accords ont été signés dans des domaines aussi divers que le développement urbain, l'aviation civile, l'innovation ou le tourisme. Comme l'indique Le Figaro, l'assureur Groupama a par ailleurs signé une extension de son partenariat avec le groupe Avic, comprenant notamment le doublement du capital de leur coentreprise chinoise.