L’info. Le président de la République avait rendez-vous mardi avec les cadres de la Fonction publique pour présenter ses vœux aux "corps constitués". Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne les a pas caressé dans le sens du poil, érigeant en priorité une profonde réforme d'un Etat "trop lourd, trop lent, trop cher". Moins de charges pour les entreprises et désormais moins de dépenses publiques : en une semaine, la ligne présidentielle s’affiche de plus en plus social-libérale.
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La déclaration. "En même temps qu'il est sollicité - c'est le paradoxe que l'on connaît bien dans notre pays - l'Etat est jugé trop lourd, trop lent, trop cher" tandis que "son organisation apparaît de plus en plus mystérieuse, avec ses agences, ses opérateurs, ses autorités", a déclaré François Hollande devant le gotha de la Fonction publique.
50 milliards d’économies. "Chacun devra y prendre sa part : Etat, opérateurs, organismes sociaux mais aussi les collectivités locales", a-t-il encore averti. Pour être "plus efficace", a-t-il résumé, l'Etat doit "dépenser moins". Le président prévoit donc "cinquante milliards d'économies d'ici à 2017 (…) nous en ferons partout où elles seront possibles", puisqu’il estime ne plus pouvoir jouer sur le niveau des impôts en ces temps de ras-le-bol fiscal.
Moins de dépenses publiques, mais aussi moins de charges. Cette annonce fait suite à des vœux aux Françaistrès axés sur la compétitivité des entreprises. François Hollande a proposé le 31 décembre un pacte de responsabilité" pour les entreprises. Ce dernier "est fondé sur un principe simple : moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur leurs activités et, en même temps, une contrepartie : plus d'embauches et plus de dialogue social". Le patronat n’avait pas tardé à s’en réjouir, déclarant : "le Medef est prêt à participer et à s'impliquer activement pour bâtir concrètement le pacte annoncé par le président de la République".
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La droite privée d’argument ? En proposant de réduire les dépenses de l’Etat et les charges des entreprises, le président de la République prive l’opposition de droite d’une bonne partie de ses arguments. Le parallèle avec les vœux de Jean-François Copé, relevé par Le Monde, est en effet édifiant : "il est urgent de baisser drastiquement les impôts, les charges sociales et la dépense publique, de supprimer sans trembler toutes les réglementations absurdes", a martelé le président de l’UMP le 30 décembre.
Ce que n’a d’ailleurs pas caché Jean-Pierre Raffarin, invité mardi matin d’Europe 1 : "c'est vrai qu'il nous a fait des vœux relativement à droite : on était tous d'accord ! Il y a trop d'impôts, oui ! Baisser les charges, oui !" "Il faut aller dans ce sens-là, social et libéral, nous sommes pour cette orientation. Mais qu'il passe à l'acte !", a-t-il poursuivi, soulignant "une inversion par rapport au discours du Bourget".
Le PS minimise, l’extrême-gauche insiste. Résultat, le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, s’est senti obligé de marteler mardi que les vœux présidentiels ne marquaient "pas de tournant", ajoutant qu'il n'était pas question pour la majorité de "rejouer" 1983 en 2014. Un point de vue que ne partage pas vraiment la gauche de la gauche, le PCF estimant que "ces voeux ont tourné le dos à tout ce qu'espéraient ceux qui ont élu la gauche au pouvoir".
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