Depuis le 15 mai 1889, la Tour Eiffel s'inscrit, du haut de 300 mètres, dans le ciel parisien. Repeinte à neuf, illuminée la nuit, elle continue à 120 ans d'éblouir les quelque 7 millions de visiteurs qui la contemplent chaque année, symbole de la plus belle ville du monde.
Une unanimité qui n'a pas toujours existé. Loin de là ! En 1887, la "pétition des artistes" dont Guy de Maupassant, Charles Garnier et Charles Gounod vilipendait le projet de "l'inutile et monstrueuse Tour Eiffel". Et Gustave Eiffel lui-même fut au début réticent à ce projet de pylône métallique de deux de ses ingénieurs, Maurice Koechlin et Emile Nougier, ne reprenant l'idée à son compte qu'après embellissement de l'architecte Stephen Sauvestre.
L'exposition "Eiffel, magicien du fer" qui s'ouvre ce 7 mai à l'Hôtel de Ville de Paris, présente cette star internationale. Des maquettes de la Tour, en métal, et en albâtre orné d'émaux, accueillent le visiteur. Photos du "montage", tel un meccano géant, avec des échafaudages jusqu'au premier étage et le Trocadéro en toile de fond, alors que, côté Seine, il a fallu installer des caissons à air comprimé pour stabiliser le sol. Eiffel a aussi construit le viaduc de Garabit (122 mètres au-dessus d'un torrent), la structure interne de la statue de la Liberté de Bartholdi qui trône à New York, l'observatoire de Nice... Sa réputation entachée par le scandale du canal de Panama, Eiffel avait entamé une seconde carrière scientifique à 70 ans, en lançant un laboratoire d'aérodynamique sous sa Tour, puis rue Boileau (XVIème) où il travaille pour Bréguet ou Blériot, inventant en 1917 un avion de chasse rapide. Visionnaire à la Jules Verne, il avait dès 1890 un projet "de ligne métropolitaine centrale avec des gares souterraines et aériennes" ainsi qu'un projet de "pont sous-marin pour la traversée de la Manche entre Folkestone et le cap Gris Nez... Une partie de l'exposition (gratuite) fait aussi revivre un Eiffel intime, bourgeois père de cinq enfants et infatigable entrepreneur, qui s'éteindra à 91 ans.