"Ibra" et les dessous de sa feuille de paye

La star suédoise, visiblement très ferme sur ses prétentions salariales, a réussi à obtenir un salaire record de 14 millions d’euros nets par an.
La star suédoise, visiblement très ferme sur ses prétentions salariales, a réussi à obtenir un salaire record de 14 millions d’euros nets par an. © Reuters
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Charles Carrasco avec agences , modifié à
Les émoluments de la star suédoise cacheraient d’autres frais qui pourraient être payés par le club.  

Les amateurs du club de la capitale s’en soucient peu et voient surtout en Zlatan Ibrahimovic, arrivé mercredi au PSG, la recrue capable de leur faire gagner des titres. Mais tous ne l’accueillent pas à bras ouverts. Plusieurs politiques se sont ainsi émus des émoluments promis au joueur alors que se prépare la taxation des hauts revenus promise par François Hollande.

La star suédoise, visiblement très ferme sur ses prétentions salariales, a réussi à obtenir un salaire record de 14 millions d’euros nets par an. Une rémunération astronomique quand on sait que le milieu du football autorise parfois que joueurs et agents négocient leurs salaires en net, abandonnant aux clubs la résolution des problèmes et les charges fiscales induites. Alors comment le PSG a-t-il été en mesure de lui garantir un tel salaire ? Quelques pistes.

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• Gonfler son salaire brut. Si le club ne communique pas à ce sujet, il se pourrait que pour garantir au joueur l’intégralité de son salaire, le club parisien devra débourser bien davantage. "La solution, c'est de gonfler en proportion son salaire brut", explique simplement Jacques Messeca, avocat au sein du cabinet Eversheds.

• Utiliser le régime des impatriés. Le Paris Saint-Germain pourrait en revanche, pour alléger la facture, s'appuyer sur cette disposition du Code général des impôts s'appliquant aux personnes exerçant temporairement une activité en France, à condition qu'elles n'aient pas été domiciliées fiscalement dans le pays au cours des cinq années précédentes, ce qui est le cas de Zlatan Ibrahimovic. Ce régime des impatriés permettrait notamment de réduire de moitié la base imposable ce qui, dans le cas du Suédois, la ferait passer à environ sept millions d'euros.

• Lui payer ses impôts. C’est une solution mais elle est très onéreuse pour le PSG. Dans le dispositif fiscal actuel, le PSG devrait payer environ 35 millions d'euros annuels au total, charges comprises, pour assurer un revenu de 14 millions d'euros net d'impôts à son joueur, précise un avocat fiscaliste. S'il veut continuer de lui garantir ce revenu après le vote de la taxe de 75%, il lui faudra le payer 56 millions d'euros par an, ce qui aboutirait à un total annuel de 70 ou 80 millions d'euros compte tenu des charges sociales, soit l'équivalent du budget annuel cumulé de deux ou trois "petits" clubs de Ligue 1. Le magazine Challenges arrive, lui, au chiffre pharamineux de 89 millions d’euros.

• Se faire payer à l’étranger. Une autre possibilité est de se faire payer toute ou partie du salaire à l’étranger. "Il suffit alors de se débrouiller, même si c'est compliqué, pour ne pas être considéré comme résident fiscal français", explique un fiscaliste interviewé par Le Monde.fr. Si cette solution a déjà été employée par le passé, il est aujourd’hui beaucoup plus difficile pour un club de la mettre en pratique car il peut être rattrapé par le fisc grâce aux conventions bilatérales qui existent entre les pays. Contrairement aux joueurs de tennis qui parcourent le globe pour leurs différents tournois, la star n’aura donc vraisemblablement pas le choix de sa résidence fiscale.

Les politiques choqués

Najat Vallaud-Belkacem

Le salaire de Zlatan Ibrahimovic sera frappé par cette mesure censée être votée à l'automne, a assuré la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem. "Il n'y a pas de raison que les sportifs échappent à la nouvelle tranche d'impôt de 75% ", a-t-elle expliqué.

Pendant la campagne électorale, François Hollande, sous la pression du monde de football qui assurait que sa mesure provoquerait une fuite des joueurs, avait déclaré qu'ils seraient en partie épargnés à travers le mécanisme de "lissage" permettant d'étaler les revenus sur plusieurs années.

La ministre des Sports, Valérie Fourneyron a, de son côté, plaidé pour une régulation autoritaire au plan européen. Une mesure également envisagée par Michel Platini, devenu président de l'UEFA. Il la présente comme un "fair-play financier" empêchant une domination sportive par le seul usage du carnet de chèques, les clubs étant obliger d'équilibrer leurs comptes, c'est-à-dire de ne pas dépenser plus que ce qu'ils engrangent en recettes.

Le business plan du Qatar

Mais conjuguer les contraintes de la fiscalité française et les prétentions salariales d'"Ibra" n’ont pas l’air d’effrayer le club de la capitale et les Qataris (actionnaires à 70% du PSG). "Comme on l'a déjà dit, on respecte les lois françaises", a assuré mercredi le président, Nasser Al-Khelaifi. "On le fait aujourd'hui et on le fera demain. La signature d’Ibrahimovic est très positive pour le PSG, mais aussi pour le foot français", a-t-il certifié lors de la conférence de presse mercredi.

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Payer un tel salaire pour un sportif est aussi et surtout un moyen pour QSI (Qatar Sports Investissments) de poursuivre son développement économique. "On a un projet, on a un ‘business plan’. On sera rentable d'ici quelques années, mais ça prendra un peu de temps", a affirmé le président du PSG. Nul doute que le maillot floqué "Ibrahimovic", déjà en magasin à 100 euros pièce, permettra de rentabiliser l’affaire.

Dans le top 3 des salaires

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Ses émoluments propulse l'attaquant suédois dans le top 3 européen. Selon les estimations, son salaire serait ainsi le deuxième plus élevé versé à un footballeur dans le monde, après celui du Camerounais Samuel Eto'o à Makhachkala en Russie (près de 20 millions annuel brut) et juste devant Wayne Rooney à Manchester qui émarge à 13,8 millions d’euros par an… sans compter les revenus publicitaires.

Depuis l'apparition dans le football des investisseurs tels que l'Etat qatari, les salaires explosent et ce même en période de crise. Les 100.000 francs mensuels (15.000 euros) perçus au début des années 1980 à Saint-Etienne par Michel Platini, en feraient aujourd'hui un salarié heureux de Ligue 2.