L'INFO. "On ne peut pas demander davantage aux contribuables", a soutenu le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, dimanche lors du Grand Rendez-vous Europe 1/i-Télé/le Parisien. Conséquence : "il n'y a pas d'augmentation d'impôts prévue ou prévisible, envisagée ou envisageable", d'ici la fin du quinquennat de François Hollande, a-t-il promis. Avec une dette publique de 1830 milliards, soit 91% du PIB, qui continue de se creuser à grande vitesse, la France peut-elle se le permettre? Éléments de réponse.
• 30 milliards de hausses d'impôts. Les contribuables vont déjà devoir profondément mettre la main à la poche. Le budget 2013 prévoit 30 milliards de recettes supplémentaires, financées pour un tiers par une augmentation des impôts pour les contribuables. "Je vous présente un budget de combat", avait prévenu Jean-Marc Ayrault lors de sa publication. Et à cette première tranche, il faut encore ajouter 20 milliards de hausse automatique liée au gel du barème de l'impôt sur le revenu.
• Un coup de pouce de Bruxelles? Avec une croissance qui ne devrait pas dépasser les 0,2% en 2013, contre 0,8% prévus par le gouvernement, difficile pourtant de croire que l'objectif de réduction à 3% du PIB du déficit public fixé par l'Union européenne sera tenu. Mais en faisant une telle promesse, Jérôme Cahuzac lance peut-être un appel à Bruxelles, qui s'est montrée prête à faire preuve d'indulgence ces derniers jours. La semaine dernière, le commissaire européen Olli Rehn a en effet indiqué que l'objectif de 3% en matière de déficit n'est qu'une "référence", et que la "trajectoire" compte davantage. Or, un simple passage de 3% à 3,5% d'autorisation de déficit signifierait 10 milliards de marge de manœuvre en plus.
• Une bonne nouvelle pour la croissance? Une telle indulgence pourrait donner de l'air à l'économie Française. Car beaucoup d'experts l'assurent : trop de rigueur tue la rigueur… et donc fait plonger le déficit. "Il va bien falloir que quelqu'un se dise un matin que, lorsque l'ensemble de la zone euro est en train d'aller à la récession, la priorité absolue, ce n'est pas de demander aux pays de réduire autant leur déficit", expliquait il y a peu Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS. Se conformer aux 3% coûte que coûte traduit un "fétichisme des chiffres", renchérissait l'économiste-philosophe Jacques Delpla. Reste à savoir combien Bruxelles est prête à accorder… et si les marchés resteront insensibles à cette indulgence.