Qu'il est loin, le temps où le gouvernement expliquait que 2013 était la dernière année de hausse des impôts… Lundi matin, Jérôme Cahuzac, le ministre du Budget, a expliqué sur Europe 1 que la "stabilité fiscale" imposait de trouver de nouvelles recettes pour l'an prochain. Le gouvernement devra dénicher 6 milliards d'euros, une somme qu'il ira probablement chercher sous forme d'impôts, même si le mot n'a pas été prononcé.
Un ton résolument différent de celui qui était encore tenu il y a un mois, quand le même Jérôme Cahuzac expliquait qu'il n'y aurait "pas d'effort supplémentaire après 2013" :
6 milliards d'impôts en plus. Mais voilà, entretemps, la Cour des comptes et la Commission européenne sont passées par là. Et toutes deux tirent la même conclusion : la croissance sera quasi-nulle cette année, le gouvernement devra donc prendre de nouvelles mesures pour ramener ses déficits à 3 % dans un premier temps, puis à l'équilibre.
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Conséquence, selon Jérôme Cahuzac, il faudra trouver d'autres recettes l'an prochain. " En 2013, 5 à 6 milliards d'impôts ont été levés et ne le seront pas en 2014, car ils ne pouvaient l'être qu'une seule année. Si nous ne faisons rien de plus en matière de fiscalité, l'année prochaine il y aurait donc 5 à 6 milliards d'euros d'impôts de moins. (…) la situation budgétaire du pays ne nous permet malheureusement pas de nous priver de 6 milliards de recettes", explique-t-il.
En clair, les Français devront mettre la main au portefeuille : "Ces 6 milliards, on les trouvera ! Dans la poche des uns, des autres, de tout le monde (…), avec une règle qui est toujours la même : que la fiscalité soit la plus juste possible", souligne le ministre.
Des efforts "sur les économies". Pour autant, la fiscalité ne sera pas la seule source de recettes pour l'Etat. Selon Jérôme Cahuzac, "l'année prochaine, si un effort doit être fait, il doit d'abord l'être par les économies". A ce titre, tous les ministères devraient participer à l'effort budgétaire. "Les ministères ne sont pas sanctuarisés", souligne Jérôme Cahuzac, qui précise également que 27 politiques publiques sont déjà en cours d'évaluation par le gouvernement. "Nous devons évaluer les politiques fortement consommatrices de dizaines de milliards d'euros, car si nous ne le faisons pas, nos engagements de faire des économies ne pourront être tenus", explique-t-il.
Jacques Attali, interrogé un peu plus tôt sur Europe 1, partage cet avis, mais souhaite que le gouvernement aille plus loin. "On est en train de laisser aux ministères le soin de dire si leurs dépenses sont efficaces, c'est absurde ! Il faut demander à la Cour des Comptes ou à un organe extérieur."
L'objectif d'équilibre en 2017 reste de mise. Malgré toutes ces difficultés, le gouvernement ne perd pas de vue son objectif de retour à l'équilibre du budget de l'Etat en 2017. "2014 sera une année rude, comme 2013 a été une année rude. Nous devons en deux à trois ans faire un effort budgétaire que les autres pays ont fait en cinq ou six ans. Nous avons toujours pris l'engagement d'annulation des déficits publics en 2017, et je confirme cet objectif impératif."
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