Mariano Rajoy a salué l'aide accordée à ses banques, en refusant de parler de "sauvetage".
C'est une bonne nouvelle pour la péninsule ibérique. C'est en tout cas ce qu'a laissé transparaître Mariano Rajoy dimanche. Le chef du gouvernement espagnol s'est dit "très satisfait" de l'aide européenne accordée aux banques du pays, refusant toutefois de parler de "sauvetage". Une aide de cent milliards d'euros (au maximum) qui accorde un répit à l'Espagne mais place son économie sous étroite surveillance.
"Une aide…"
"Je suis très satisfait, je crois que nous avons franchi une étape décisive", a lancé devant la presse Mariano Rajoy, très critiqué pour son silence samedi au moment où se nouait l'accord entre l'Espagne et ses partenaires de la zone euro.
A reculons, après avoir nié presque jusqu'au bout qu'elle aurait besoin d'une aide, l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, a finalement accepté le plan européen qui fait d'elle le quatrième pays, après la Grèce, l'Irlande et le Portugal, à recevoir une assistance extérieure. "Personne n'a fait pression sur moi (...) c'est moi qui ai fait pression parce que je voulais une ligne de crédit pour résoudre un problème important que nous avons ici", s'est défendu Mariano Rajoy.
"… pas un sauvetage"
Le chef du gouvernement a toutefois refusé d'employer le mot "sauvetage", que son ministre de l'Economie Luis de Guindos avait lui aussi réfuté la veille en annonçant que l'Espagne allait enfin demander "une aide financière européenne". "Sauvetage" : le mot, tombé comme un coup de massue sur un pays étranglé par l'austérité et le chômage, s'étalait pourtant en grosses lettres dimanche à la une de toute la presse.
L'objectif de ce plan est d'assainir les banques espagnoles, asphyxiées par leur exposition au secteur immobilier, avec, fin 2011, quelque 184 milliards d'euros de crédits problématiques, notamment des prêts risquant de ne pas être remboursés. Le prêt européen pourra atteindre cent milliards d'euros et sera injecté dans le fonds public espagnol d'aide au secteur bancaire (Frob), qui attribuera ensuite cet argent aux banques qui le demandent.
Le secteur bancaire sous haute surveillance
"Les conditions seront imposées aux banques, pas à la société espagnole", a insisté Luis de Guindos. De fait, le gouvernement espagnol, au pouvoir depuis décembre, a réussi à éviter ce qu'il redoutait par-dessus tout: un plan d'aide global pour son économie qui aurait supposé en contrepartie de nouveaux sacrifices pour le pays.
Mais les choses ne sont pas si simples. Si l'Espagne s'est assurée du soutien de l'Europe, et si elle échappe, pour le moment, à un plan de sauvetage plus large, elle n'en est pas moins placée sous l'œil vigilant de Bruxelles et n'a plus droit à aucun faux pas. En annonçant samedi l'accord conclu lors d'une réunion téléphonique des 17 ministres de la zone euro, l'Eurogroupe s'est ainsi dit "confiant" que le pays "tiendra parole quant à ses engagements en matière de réduction de déficit et de réformes structurelles, en vue de corriger les déséquilibres macroéconomiques".
Le quotidien de centre-droit El Mundo soulignait d'ailleurs que l'Eurogroupe avait insisté sur le respect des objectifs de déficit et la poursuite des réformes structurelles : augmentation de la TVA, à laquelle Madrid se refuse officiellement, marché du travail, retraites.
L'exercice sera délicat, au moment où le pays, retombé en récession, tente de ramener son déficit public de 8,9% du PIB en 2011 à 5,3%, de maîtriser le dérapage budgétaire de ses 17 régions autonomes, de juguler un chômage record de 24,44%. Le ballon d'oxygène accordé aux banques suffira-t-il à écarter le spectre d'un sauvetage global, redouté de tous car il supposerait une facture de plusieurs centaines de milliards d'euros?