Les nuages s'amoncellent au dessus de l’économie espagnole. Après la dégradation de sa note jeudi par l'agence Standard & Poor's, Madrid a connu une nouvelle hausse du chômage avec près de 5,7 millions de personnes sans emploi, soit près d’un actif sur quatre.
Le chômage au plus haut
Le taux de chômage espagnol, l'un des plus élevés du monde, a bondi à 24% au premier trimestre, son plus haut niveau depuis le début des années 1990. La moitié des jeunes sont sans emploi et les chiffres ne devraient pas de s'améliorer de sitôt car des mesures d'économies budgétaires de quelque 42 milliards d'euros cette année sapent tout espoir de croissance pour le pays.
"Les chiffres sont terribles pour tout le monde et terribles pour le gouvernement", a reconnu vendredi le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo. "L'Espagne est dans une crise de proportions immenses", a-t-il ajouté.
La note de la dette souveraine passe à BBB+
Jeudi, Standard & Poor's avait donné une autre coup dur à l’Espagne, abaissant la note de la dette souveraine du pays de "A" à "BBB+" avec perspective négative, évoquant des risques de dérapages budgétaires susceptibles d'être plus importants que prévu. L'agence de notation juge notamment probable que Madrid doive apporter une aide à son secteur bancaire.
L'abaissement de S&P place la note souveraine de l'Espagne au même niveau que celle de l'Italie, à "capacité de paiement adéquate" - soit à quelques crans seulement de la catégorie spéculative. Auprès de Fitch et Moody's, l'Espagne affiche cependant toujours une "solide capacité de paiement".
Les banques malades
"C'est une situation très difficile. Je ne pense pas que les banques soient piégées, mais il faut que le gouvernement fasse rapidement savoir comment il compte s'y prendre à leur égard", souligne Gilles Moec, économiste pour Deutsche Bank.
Pour sortir de l’impasse, le gouvernement espagnol envisage de créer une structure de défaisance pour les actifs immobiliers toxiques des banques, trois séries de nettoyage et de consolidations du secteur financier du pays n'ayant pas suffi à rassurer les investisseurs sur sa solidité.
Madrid est déjà venu au secours de plusieurs banques ravagées par l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, et les investisseurs redoutent, au vu de la contraction économique actuelle, une nouvelle vague de défauts de crédit qui fragiliserait encore davantage le secteur financier du pays.
Pour rassurer les marchés, le gouvernement espagnol a dévoilé ses prévisions économiques pour les prochaines années, tablant sur une légère croissance, de 0,2%, du PIB en 2013, et visant l'équilibre budgétaire pour 2016.