L'annonce. L’État envisage de vendre les bijoux de famille. Jean-Marc Ayrault a en effet confirmé dimanche soir sur TF1 que le gouvernement réfléchissait à réduire la participation de l’État dans le capital "d'un certain nombre d'entreprises publiques où le taux de participation de l’État est très important". Mais le Premier ministre prévient : "ce n'est pas pour boucher les trous du budget" mais bien "pour financer de l'investissement". Et le chef du gouvernement de donner l'exemple des 20 milliards d'euros nécessaires pour financer l'installation de l'internet à très haut débit sur tout le territoire.
Une idée qui fait son chemin. Arnaud Montebourg avait déjà émis l'hypothèse début avril, dans une interview au Wall Street Journal. "Dans le cadre de la restructuration budgétaire et la modernisation des politiques publiques, nous réfléchissons en effet à un changement de nos participations", avait déclaré le ministre du Redressement productif, avant de préciser : "nous n'excluons pas ce genre d'action, mais nous ne voulons pas perdre notre influence sur les entreprises." Jean-Marc Ayrault a toutefois légèrement corrigé le tir dimanche, en précisant que cette réduction ne serait pas affectée aux "trous du budget" comme l'entendait Arnaud Montebourg, mais à "l'investissement".
Quelles entreprises concernées ? Arnaud Montebourg a évoqué en avril la possibilité de céder des parts notamment dans GDF-Suez, où l'Etat détient plus de 36% de capital, et EDF (84%). Le 3 avril, le ministère de l’Économie avait, lui aussi, annoncé avoir vendu 3,12% du capital de Safran, soit 13 millions d'actions, à des investisseurs institutionnels via une procédure accélérée. L'opération lui a rapporté 448,5 millions d'euros et l’État détient encore 27,08% du capital. Le 17 avril, EADS a également annoncé avoir conclu un accord avec l'Etat pour lui racheter hors marché 1,56% de son propre capital, pour 482,7 millions d'euros. Paris s'est engagé à céder au total près de 3% du capital qu'il détenait chez EADS pour ramener sa participation à 12%, en vertu d'un accord signé en décembre entre les principaux actionnaires.
Combien d'argent l’État a-t-il placé ? L'État, via l'Agence des participations de l'Etat (APE), est actionnaire de plusieurs entreprises, comme Areva (14,3%) Renault (15%), Air France (15,8%), Thales (27%) ou les Aéroports de Paris (54,5%). S'il décidait de tout vendre, l’État en tirerait au maximum dans les 60 milliards d'euros. On peut également compter les placements de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui dépend de l'Assemblée, et dont les participations s'élèvent à 50 milliards d'euros au total. Mais s'ils sont nombreux, les placements de la CDC sont toutefois rarement supérieurs à 3% du capital d'une entreprise. Or Jean-Marc Ayrault a bien parlé dimanche d'entreprises "où le taux de participation de l’État est très important".
"Il n'y a pas d'austérité". Le chef du gouvernement a par ailleurs réitéré dimanche sur TF1 l'engagement d'inverser la courbe du chômage d'ici à 2013. Comme on lui objectait que la politique gouvernementale n'avait pas montré son efficacité, Jean-Ayrault a répondu par la métaphore. "Quand vous semez, quand vous êtes jardinier, ça ne pousse pas dans les minutes qui suivent. Parfois, il faut s'y reprendre à plusieurs fois, parce que la terre a été abandonnée, n'a pas été bien entretenue. C'est la situation de notre pays". Le Premier ministre, outre ses promesses d'investissements, a, enfin, refusé de dire que la politique menée jusqu'à aujourd'hui était "austéritaire". "Il n'y a pas d'austérité, c'est une invention de propagande. Moi, je veux sauver le modèle social et républicain français".