Sauvée, l'Espagne ? Certainement pas. Mais l'aide demandée par Madrid samedi pour renflouer ses banques a été favorablement accueillie. Dans la journée de samedi, au terme d'une conférence téléphonique, les ministres des Finances de l'Eurogroup ont validé un plan d'aide à l'Espagne, sans cure d'austérité. Jusqu'à 100 milliards d'euros pourraient être injectés dans les banques espagnoles par l'intermédiaire du FESF et du MES.
Lundi, les principales places boursières européennes ont ouvert dans le vert. Madrid (+5%), Paris (+1,98%), Francfort (2,42%) et Londres (+1,59%) ont unanimement salué cette décision. L'action Bankia s'est même envolée (+18% à 1,22 euro) peu après l'ouverture à Madrid. Plus tôt, Tokyo avait terminé la journée en hausse de près de 2% grâce au regain de l'euro.
Ayrault : "une bonne décision"
Côté politique, l'Europe a aussi salué cet appel du pied espagnol. "La décision qui a été prise d'aider l'Espagne, c'est une bonne décision, mais il en faudra d'autres pour relancer la croissance, pour porter un projet qui redonne confiance aux peuples européens", a lancé dimanche le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault.
"Il est important que l'Espagne utilise les instruments financiers pour recapitaliser ses banques. J'ai confiance dans le gouvernement espagnol qui a déjà commencé à entreprendre des mesures complètes sur le marché du travail. Mais cette voie doit se poursuivre", a commenté Jens Weigmann, le président de la Bundesbank.
Son compatriote Wolfgang Schauble, ministre des Finances allemand s'est dit confiant. "Nous devons le dire clairement : il n'y a aucun risque de contagion des banques (...) Tout le monde doit comprendre que les banques espagnoles, malgré toutes leurs difficultés, ne sont pas un danger", a-t-il estimé.
L'incertitude demeure
Cependant, tout le monde ne se réjouit pas de cet accord. En premier lieu Joseph Stiglitz. "Le système fait que le gouvernement espagnol renfloue les banques et que les banques renflouent le gouvernement", a critiqué le lauréat du prix Nobel d'économie."Il n'y a aucune chance, quand une économie entre ainsi en récession, qu'elle puisse mener une politique de relance de la croissance sans une forme de système européen", fait-il encore valoir.
Ces mesures pourraient n'apporter qu'un bref répit dans la crise économique actuelle. Car dès dimanche prochain, la zone euro aura le regard tourné vers la Grèce, où se joue en partie son avenir avec les nouvelles élections législatives.
L'hypothèse d'une sortie de l'euro de la Grèce pourrait s'accentuer si le scrutin ne parvient pas à faire émerger une majorité soutenant les mesures d'austérité liées au deuxième plan de sauvetage.