Le chiffre.Renault fait des bénéfices, mais bien moins que l'an dernier. La marque au losange a publié vendredi un bénéfice net semestriel de 39 millions d'euros, soit près de 20 fois inférieur aux 746 millions dégagés au premier semestre 2012. Une baisse fulgurante expliquée en grande partie par des charges exceptionnelles, liées à la restructuration en France… et à l'Iran.
>>> Pour comprendre, Europe1.fr a épluché les comptes du deuxième constructeur automobile
La crise en Iran a coûté 500 millions. La marque ne possède pas d'usines en Iran, mais y envoyait depuis la Roumanie et la France des pièces détachées et des composants assemblés par des partenaires locaux. Or, ces envois ont été interrompus à cause du durcissement des sanctions contre Téhéran. Résultat : au premier semestre, les ventes de voitures livrées en kit et assemblées en Iran ont chuté de 47,2%. Le constructeur a vendu environ 100.000 véhicules l'an dernier, soit un peu moins de 2% de ses ventes mondiales.
Comme l'embargo ne devrait pas s'améliorer à moyen terme, Renault compte y cesser ses activités. Le hic : il possède dans le pays plus de 500 millions d'euros d'actifs, argent qu'il ne peut pas rapatrier à cause des contraintes imposées par la communauté internationale. Pour compenser ces pertes annoncées, le constructeur a donc dû mettre cette année 512 millions de côté, qui ont grevé ses bénéfices semestriels. "La provision qu'on passe aujourd'hui dans nos comptes correspond à la valeur des actifs que nous avons, essentiellement de l'argent qu'on ne peut pas rapatrier", a indiqué Dominique Thormann, le directeur financier. Renault connaît ainsi le même sort que le numéro un automobile français, PSA Peugeot Citroën, qui avait dû interrompre dès le printemps 2012 ses activités iraniennes.
D'autres charges et un CA en baisse. Les résultats du groupe ont aussi été amputés par 227 millions d'euros de dépréciations, liées notamment à la faillite de son partenaire israélien dans le véhicule électrique : Better Place. Le groupe a également vu ses comptes se grever de 173 millions "de charge de restructuration liée notamment à l'accord de compétitivité signé en France" en mars. Enfin, outre ces charges exceptionnelles, Renault a vu son chiffre d'affaires (CA) des six premiers mois baisser de 2,4% à 20,4 milliards d'euros alors que ses ventes en volume ont reculé de 1,9% à 1,3 million de véhicules.
"Renault tient bon". Il n'empêche, même minces, Renault a réussi à engranger des bénéfices, notamment grâce à une politique de réduction des coûts de production. "La tempête persiste, Renault tient bon", s'est d'ailleurs félicité le numéro deux, Carlos Tavares, lors d'une conférence de presse. "Et nous avons un mix qui s'améliore aussi : dans le nombre de voitures qu'on vend, on vend plus de voitures plus chères", se réjouit Dominique Thormann. Le constructeur, qui possède les marques Renault, Dacia et Renault Samsung Motors, a également bénéficié de 749 millions de contribution de ses partenaires, essentiellement du japonais Nissan.
Le groupe optimiste pour l'avenir. Malgré un "environnement plus difficile que prévu, particulièrement en France", Renault confirme ses objectifs annuels : une hausse de ses ventes mondiales, une marge opérationnelle et un flux de trésorerie opérationnel positifs pour sa branche automobile, "sous réserve qu'il n'y ait pas de nouvelle détérioration des conditions de marché". Le constructeur prévoit, pour l'avenir, un marché automobile mondial en hausse de 2% cette année, avec néanmoins une baisse de 5% pour l'Europe et de 8% pour la France.