Les dirigeants européens ont promis jeudi leur solidarité à la Grèce pour empêcher tout risque de faillite et menacé d'adopter des mesures "déterminées" pour défendre la zone euro, mais sans annoncer aucune aide financière concrète dans l'immédiat.
"Les Etats de la zone euro prendront des mesures déterminées et coordonnées si nécessaire pour préserver la stabilité financière", ébranlée par les attaques spéculatives dont est victime la Grèce sur les marchés en raison de l'ampleur de ses déficits, et des craintes de faillite du pays, a déclaré le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy. Il s'exprimait après une réunion séparée avec le Premier ministre grec, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel, le président de la BCE Jean-Claude Trichet et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ; dans le cadre d’un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement européens.
Economies budgétaires
Angela Merkel a affirmé que "la Grèce faisait partie de l'Union européenne" et qu'on "n'allait pas laisser tomber la Grèce". Mais ce soutien de principe a un prix, Athènes va devoir redoubler d'efforts pour réduire ses déficits gonflés par la crise et une gestion jugée laxiste. "Nous appelons le gouvernement à mettre en œuvre" les mesures d'économies budgétaires promises "de façon rigoureuse et déterminée", afin de réduire effectivement le déficit budgétaire grec de quatre points cette année, a averti Herman Van Rompuy.
Pas d’aide financière
Dans l'immédiat, une aide financière à la Grèce n'est pas prévue, contrairement à ce qui avait été anticipé avant le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE. "Le gouvernement grec n'a demandé aucun soutien financier", a indiqué Herman Van Rompuy. Toutefois, les ministres des Finances de la zone euro travaillent déjà à la mise au point un plan d'aide dans le cas où la Grèce serait menacée de défaut de paiement.
Ils devraient finaliser leurs travaux au cours d'une nouvelle réunion lundi à Bruxelles. Parmi les options à l'étude figurent des prêts bilatéraux offerts par certains Etats de la zone euro, des mises à la disposition de lignes de crédit ou encore des garanties sur l'émission d'emprunts d'Etat par la Grèce.
Les modalités restent secrètes
"La Grèce n'est pas seule et la Grèce est décidée à faire les efforts qu'on lui demande, c'est la réponse de l'Union européenne, c'est une réponse extrêmement forte", a indiqué Nicolas Sarkozy. "Nous avons pris un engagement de soutien et de solidarité côté européen, de rigueur et transparence côté grec. Voilà ce qui a été décidé", a insisté le président français.
"Là, il y a un principe. Quant aux modalités, nous nous réservons de voir les évolutions pour les calibrer. Disons qu'il y a une stratégie, c'est celle que nous avons fixée, et qu'il y a une tactique, en fonction des événements. La stratégie est claire (...)", et c'est cette stratégie "que les marchés, les opérateurs et les différents intervenants doivent comprendre", a-t-il ajouté. "Notre rôle n'est pas de créer de l'agitation, n'est pas de favoriser la spéculation et n'est pas de nous projeter dans des scénarios de plus en plus difficiles", a souligné Nicolas Sarkozy, "notre rôle c'est de prendre les décisions que l'on attend de nous au moment où elles se posent, sans aucune ambiguïté".
Le FMI écarté
Le scénario d’une intervention du Fonds monétaire international (FMI) semble écarté. Les Européens jugeaient humiliant d'être sous la tutelle des experts de Washington. Le FMI avait envoyé une mission technique à Athènes en janvier à la demande du gouvernement et avait déjà indiqué qu'il était prêt à apporter son soutien sous la forme qui serait jugée appropriée.
Pour autant, le Fonds a salué le soutien de l'Union européenne à la Grèce. "C'est une nouvelle étape importante pour réagir aux difficultés auxquelles est confronté le pays", a indiqué la directrice des relations extérieures du FMI, Caroline Atkinson.
Une grande décision
Jose Manuel Barroso s'est réjoui de cette décision. "Nos priorités sont de prendre la direction de la sortie de crise tout en bâtissant un nouveau modèle économique, une économie sociale de marché viable, complète et compétitive pour l'Europe", a indiqué le président de la Commission européenne. "Nous avons les institutions pour faire en sorte que cela se produise. Après nos discussions d'aujourd'hui, j'ai suis certain que l'Europe a aussi une volonté politique". "Je crois qu'il est important d'avoir cet engagement très fort de la part de tous les chefs d'Etat et de gouvernement sur notre zone euro et sur la situation à laquelle doit faire face un membre particulier de notre union. Je peux vous dire que j'ai vu une réelle volonté d'agir", a-t-il assuré.