"Il y a bien une maladie particulière à la zone euro", a assuré dimanche Arnaud Montebourg à la traditionnelle fête de la Rose de Frangy-en-Bresse en Saône-et-Loire. Il a "fait les comptes" et a relevé un retard de "10 points de PIB" de la zone euro sur les Etats-Unis, depuis le début de la crise des subprimes provoquée il y a six ans par la chute de la banque Lehman Brothers.
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Vrai ? Pour faire simple, si on prend une base de 100 pour l'avant-crise, la zone euro est aujourd'hui à 97 et les Etats-Unis sont à 107. En pourcentage, ça donne les chiffres suivant : le PIB des Etats-Unis est à 7,1% au-dessus du niveau d'avant la crise et celui de l'UE est à 2,2% en-dessous. Si on additionne les deux, on est dans les eaux des 10 points.
L'UE et les Etats-Unis sont-ils comparables ? Les Etats-Unis constituent une république fédérale regroupant 50 États qui a décidé en 2009 d'un plan de relance de 789 milliards de dollars. La zone euro, d'abord union monétaire et bientôt bancaire, a plutôt privilégier une politique de rigueur. La politique de Bruxelles et de la Banque centrale de Francfort n'est donc pas celle de la Réserve fédérale américaine.
Pas de Grèce aux Etats-Unis. Certaines villes aux Etats-Unis ont particulièrement souffert de la crise. Détroit, dans le Michigan, a par exemple été en situation de faillite en 2013. Mais on ne trouve aux Etats-Unis aucun équivalent de la Grèce ou du Portugal.
Comparer les taux de chômage ? Si la croissance des Etats-Unis n'est pas forcément comparable à celle de la zone euro, les taux de chômage ne le sont guère plus. On note pourtant un fossé. De 6,3% aux Etats-Unis, où le nombre de créations d'emploi se porte bien, il est de 10,3% dans l'Union européenne.
Mais les Américains eux-mêmes n'ont pas confiance en leurs chiffres. Beaucoup d'entre eux sont en effet "sortis" du chômage, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas renouvelé leur inscription et ne figurent donc plus dans les chiffres de la population active. Il faut aussi prendre en compte l'importance des personnes travaillant à temps partiel. Elles ne sont officiellement plus chômeuses mais leur salaire ne leur suffit pas forcément pour vivre et elles désirent souvent travailler plus.
L'écart entre les Etats-Unis et la zone euro devrait cependant ralentir. Même si les prévisions de croissance aux Etats-Unis ont rebondi au deuxième trimestre (+4%), les prévisions pour 2014 sont en-deçà de la croissance de l'année 2013 (1,7% contre 1,9%).
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