Les économistes le disent, les politiques d'austérité sont néfastes pour la croissance. Selon une étude menée par deux chercheurs, publiée cette semaine, elles pourraient également être mauvaises pour la santé. Explications.
Dans "The Body Economic : Why Austerity Kills" (L'économie du corps: pourquoi l'austérité tue, ndlr), l'économiste David Stuckler, de l'Université d'Oxford, et Sanjay Basu, épidémiologiste à l'Université de Stanford, détaillent les conséquences directes et indirectes de l'austérité en Europe et en Amérique du Nord. "Nos dirigeants politiques doivent prendre en compte les conséquences graves sur la santé de leurs choix économiques", martèle David Stuckler, déjà auteur de plusieurs articles sur le sujet, parus dans le British medical journal.
Un million de cas de dépression. Selon les deux chercheurs, la sinistrose ambiante a un effet direct sur le moral des populations : Stuckler et Basu estiment en effet que plus de 10.000 suicides et un million de cas de dépressions peuvent être directement imputés à la crise économique des dernières années et à ses conséquences en termes de rigueur. Chômage de masse, difficultés financières et inquiétude pour l'avenir peuvent facilement atteindre le moral des plus fragiles.
Les politiques de santé amputées. Pour David Stuckler et Sanjay Basu, l'austérité a également des conséquences indirectes sur la santé de ceux qui la subissent. Les gouvernements coupent en effet dans les budgets consacrés à la santé et les plus démunis se retrouvent plus exposés.
C'est le cas par exemple en Grèce, dont l'exécutif, pour faire des économies, a coupé dans les crédits consacrés à la prévention du sida. Résultat, en 2011, les cas de VIH recensés ont été multipliés par trois par rapport à l'année précédente. Athènes, qui a également dû suspendre les pulvérisations anti-moustiques, a connu la même année ses premiers cas de paludisme depuis plusieurs décennies.
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Pas de fatalité. Pour les chercheurs, crise économique ne rime pas forcément avec fragilisation de la santé. Dressant un parallèle avec la crise économique de 1929 et d'autres évènements historiques, comme la chute de l'Union soviétique, ils expliquent que "la dégradation de la santé n'est pas une conséquence inévitable des récessions économiques. C'est un choix politique."