Jamais les Français n'ont roulé aussi propre. Au premier semestre 2012, plus d'un cinquième des voitures vendues en Hexagone (21%) affichaient des taux d'émission de CO2 inférieurs à 105 grammes par kilomètre, selon les chiffres du Comité des constructeurs français d'automobiles. Un verdissement spectaculaire puisqu'il y a deux ans, on n'en était encore qu'à 2%.
Parallèlement, la part des véhicules pénalisés par un malus (plus de 180 grammes) a sensiblement reculé, passant de 23 % sur le premier semestre 2010 à 16 % sur la même période en 2012.
Le bonus écologique en question
Normes anti-pollution très strictes imposées par l'Europe, changement des mentalités ou encore bonus-malus automobile expliquent cette évolution du parc automobile français. "Au cours des cinq dernières années, la France a fait de grands progrès dans la réduction des émissions de CO2 des véhicules et les conducteurs ont été vivement encouragés à être plus écoresponsables lors de l'achat de véhicules neufs", décrypte la société de conseil Jato dans une récente étude.
Résultat de ce verdissement de l'achat de voitures : les constructeurs adaptent leur production. Ce qui pose la question de la nécessité du renforcement du bonus-malus annoncé par Arnaud Montebourg, le 25 juillet dernier. Le ministre du Redressement productif a en effet annoncé que la prime à l'achat d'un véhicule propre allait être augmentée. Une manière de relancer la filière auto française, en pointe sur la voiture verte. Mais selon beaucoup d'économistes, la mesure a peu de chance de faire évoluer considérablement la consommation des Français vers l'achat de voitures vertes, tout simplement car cette évolution est déjà en cours.
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"Le malus est nécessaire, pas le bonus"
"Le bonus introduit un effet d'aubaine. Il n'influe pas sur les décisions stratégiques des investisseurs : en témoigne le pari stratégique au-delà des frontières françaises de Renault de construire une voiture électrique ou le choix de Toyota de renforcer son site de Valenciennes, décrypte l'économiste Stéphane Cossé dans Les Echos. D'un point de vue écologique, la chaîne économique de l'industrie automobile était déjà entrée dans une démarche vertueuse."
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Il faut dire que le bonus a un prix. Entre 2008 et 2011, il a coûté 1,5 milliard aux contribuables. En 2013, il pourrait coûter jusqu'à 500 millions d'euros, si le malus n'est pas à nouveau augmenté. Cette piste est d'ailleurs à privilégier pour les analystes du secteur. Selon Stéphane Cossé, il faudrait même renforcer le malus, et abandonner tout simplement le bonus.
"Le malus rapporte des recettes supplémentaires, qui peuvent être réinvesties vers la recherche pour la voiture du futur. Mais il a avant tout des vertus incitatives, vante l'économiste. Il permet de modifier nos comportements sans caractère punitif. Et il a pour avantage d'inciter les producteurs et les distributeurs à modifier leurs décisions d'investissement. Le malus est nécessaire, pas le bonus."
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