Après la hausse des prix de l’électricité et du gaz, c’est au tour des carburants de voir leurs tarifs bondir. Entraînés notamment par la flambée des cours du pétrole brut, les prix des carburants à la pompe ont atteint début décembre leur plus haut niveau depuis l'automne 2008.
Le gazole, carburant le plus consommé en France (75% des ventes), valait en moyenne 1,2023 euro par litre toutes taxes comprises la semaine dernière. C'est son plus haut niveau depuis la mi-octobre 2008, selon les chiffres publiés par la Direction générale de l'Énergie et du Climat. Le prix de ce carburant a grimpé de 13% depuis le début de l'année.
L'ensemble des carburants évoluent à leur niveau le plus élevé depuis l'automne 2008 : 1,3947 euro/litre pour le super sans-plomb 95 et 1,4297 euro/litre pour le super sans-plomb 98.
Les cours du baril et de l’euro grimpent
"Il y a un rebond des prix", reconnaît Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), qui impute ce phénomène à la remontée des cours du baril de brut, à la baisse de l'euro et à l'hiver précoce.
Les cours du pétrole brut ont dépassé les 92 dollars le baril mardi à Londres, un niveau inédit depuis 26 mois. Quant à la monnaie européenne, elle est tombée à 1,32 dollar mercredi, contre 1,43 dollar en janvier, sur fond de crise de la dette en Europe. Le pétrole étant vendu en dollar, la baisse de l'euro renchérit automatiquement les importations d'or noir.
Un "hiver précoce et assez rude", qui stimule la demande de fioul de chauffage, et la spéculation financière grandissante sur les matières premières expliquent aussi ces prix en hausse. "Les spéculateurs se reportent sur les denrées rares, comme le pétrole et l'or", justifie l’Ufip.
La "précarité énergétique" progresse
Cette flambée des prix inquiète l'association de consommateurs CLCV qui relève que 3,4 millions de Français sont déjà considérés en situation de "précarité énergétique". "L'essence est une dépense contrainte pour énormément de Français qui font 50 ou 60 kilomètres par jour pour aller travailler. C'est une dépense particulièrement lourde", estime Thierry Saniez, délégué général de l'association.
Selon l'Insee, la facture de carburants des Français a augmenté de 11% environ entre 1985 et 2006, en raison d'un éloignement accru entre résidence et lieu de travail, suscité notamment par la flambée des prix de l'immobilier. Un ménage installé en zone périurbaine et équipé d'une voiture dépense 440 euros de plus par an en carburants qu'un ménage installé dans une ville-centre, estime l'Institut de la statistique.