"Au lieu d'arrêter les voleurs et les ministres violant la loi, ils veulent arrêter la vérité." Ces mots sont ceux du journaliste grec Kostas Vaxevanis, dont le cas ne cesse de faire enfler la polémique à Athènes. Il a été arrêté dimanche pour avoir dévoilé les noms d'une mystérieuse liste de détenteurs grecs de comptes bancaires suisses. Le journaliste doit comparaître devant le procureur d'Athènes, a-t-on appris de source policière.
"La démocratie est en danger"
Pourquoi il a été arrêté. Le rédacteur en chef de l'hebdomadaire Hot Doc a été arrêté pour "avoir enfreint la loi sur la publication de données privées", a déclaré la police, ajoutant qu'il avait été relâché dans l'attente de son procès après avoir comparu devant le parquet. Le journaliste a publié dans les colonnes de son magazine quelque 2.059 noms de la liste transmise en 2010 par Christine Lagarde, à l'époque ministre française des Finances. "II a publié une liste de noms sans autorisation spéciale et a violé la loi sur les données privées", s'est justifié un responsable de la police. "Aucune preuve ne montre que les personnes ou les entreprises figurant sur cette liste ont enfreint la loi. Il n'y a aucune preuve qu'elles aient violé la loi sur l'évasion fiscale ou le blanchiment d'argent".
La polémique a déjà enflé. Il n'empêche, les réseaux sociaux bruissaient encore vivement dimanche de commentaires. "Le démocratie est en grand danger", titre même lundi le site d'information francophone oke@news.fr.
Le journaliste grec Kostas Vaxevanis appeler en justice pour avoir publier la fameuse "Liste Lagarde". La dictature grec existe toujours !!!— raqqun[in paris] (@raqqun) October 27, 2012
"Les ministres doivent s'expliquer"
D'où vient cette liste? Elle provient de documents révélés par un employé de la banque HSBC en Suisse. Elle avait été transmise au gouvernement grec en 2010 par l'actuelle patronne du FMI Christine Lagarde. Le ministre grec des Finances de l'époque, George Papaconstantinou, qui en était le destinataire, a affirmé mercredi devant le Parlement qu'il ne savait pas ce qui était advenu de la version originale de la "liste Lagarde".
Mercredi, l'actuel ministre des Finances Yannis Stournaras a déclaré avoir demandé à la France d'en renvoyer une copie. Le nouveau gouvernement de coalition issu des élections de juin avait d'abord exclu d'user contre les auteurs d'évasion fiscale des documents obtenus illégalement, avant de changer d'avis, confronté à la colère croissante de la rue face à une austérité accusée d'épargner les plus riches.
Le journaliste assume et charge le gouvernement. Dans une vidéo envoyée dimanche par le magazine à Reuters, le rédacteur en chef défend sa décision. "Je n'ai rien fait d'autre que mon travail de journaliste, explique-t-il. J'ai révélé la vérité qu'ils cachaient. Si quelqu'un doit s'expliquer devant la justice, ce sont les ministres qui ont tenté de dissimuler cette liste et l'ont perdue avant de dire qu'elle n'existait pas. "Demain, le Parlement votera une baisse de 100 à 200 euros des salaires des fonctionnaires, alors que pendant ce temps, la plupart de ces 2.000 personnes figurant sur la liste semblent frauder les impôts en envoyant secrètement de l'argent en Suisse", accuse-t-il dans cette vidéo.