L'INFO. C'est une question qui clive au sein même de la majorité. La ministre des Affaires sociales Marisol Touraine a annoncé dimanche que Jean-Marc Ayrault réunirait lundi "les ministres concernés" pour voir comment "faire éventuellement évoluer les choses" dans le dossier du travail dominical, alors que quatorze magasins de bricolage ont bravé l'interdiction d'ouvrir. Car selon, la ministre "à l'évidence, le statu quo n'est pas tenable", a-t-elle estimé sur France 5.
Confusion générale. Autour du Premier ministre, il y aura Pierre Moscovici le ministre de l'Economie, Michel Sapin le ministre du Travail, Sylvia Pinel pour le Commerce et Benoît Hamon pour la Consommation, qui avait critiqué l'ouverture le dimanche de Leroy Merlin et Castorama. L'objectif ? Trouver une porte de sortie à la confusion générale actuelle autour des magasins de bricolage en Ile-de-France. Une partie d'entre eux ouvrent tout à fait normalement et une autre partie est interdite d'ouvrir, sommée par la justice de fermer les portes chaque dimanche.
"D'abord, il y a des entreprises à qui la justice a dit qu'elles ne devaient pas ouvrir. La première chose à rappeler c'est que la justice doit être respectée. On ne peut pas accepter que des entreprises ne respectent pas des décisions de justice", a estimé la ministre.
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Le Premier ministre pas insensible à une ouverture ciblée. Certains salariés "ont envie de travailler dimanche, des gens qui ont envie de faire leurs courses le dimanche", a affirmé Marisol Touraine sur France 5. L’exécutif envisage de faire le ménage dans cette "cacophonie" autour travail dominical. "Le précédent gouvernement a laissé s'empiler des règles, des lois, à l'arrivée on n'y comprend plus grand-chose", a poursuivi Marisol Touraine, faisant allusion à la loi Mallié, votée par l'ancienne majorité en 2009. Il se murmure que le Premier ministre n'est pas insensible à une ouverture ciblée le dimanche des magasins de bricolage franciliens.
Selon Marisol Touraine, "ce n'est pas la même loi pour le jardinage, pour le bricolage, ce n'est pas facile à comprendre". "Il est peut être temps de voir comment mettre les choses à plat, voir comment faire évoluer les choses", a-t-elle assuré. "Je ne crois pas qu'en la matière il faudrait avoir une règle générale qui serait : tout le monde doit pouvoir travailler le soir et le dimanche", a-t-elle toutefois prévenu.
Une mission parlementaire. Le gouvernement pourrait demander aux professionnels, au patronat et aux syndicats, de la branche commerce du bricolage de trouver un accord spécifique. Une quinzaine de députés, sous la houlette du député Olivier Faure, mène actuellement une mission parlementaire avec le même objectif : trouver un accord pour changer la réglementation spécifique sur les magasins de bricolage en région parisienne.
Sapin parle lui d'un "débat". Dans un entretien accordé aux quotidiens du groupe EBRA à paraître lundi, le ministre du Travail, Michel Sapin, s'est montré défavorable à une évolution de la législation sur le travail dominical et le travail de nuit, évoquant toutefois la possibilité d'un "débat". A la question "Êtes-vous favorable à une évolution de la législation sur le travail dominical et sur le travail de nuit ?", Michel Sapin répond : "Est-ce que vous pensez que travailler la nuit c'est améliorer la qualité du travail ? Je ne le pense pas. Est-ce que vous pensez que travailler le dimanche, c'est améliorer la vie quotidienne, la vie de famille, la vie sociale ? Je ne le pense pas".
La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a précisé que la discussion s'engageait sur la question "mais en gardant à l'esprit que l'intérêt des salariés reste de préserver le droit à un repos dominical". La concertation doit permettre de "mieux définir le régime des exceptions" mais "ça ne passera pas nécessairement par une loi, c'est prématuré de répondre à ça", a-t-elle prévenu.
Comment ont réagi Castorama et Leroy Merlin ? La nouvelle d'une réunion a été accueillie positivement par les deux marques. "Nous sommes contents que les choses avancent, cela fait cinq ans que nous avons des difficultés avec la loi actuelle", a commenté une porte-parole de Castorama, tandis que Leroy Merlin s'est également dit "content de voir que le gouvernement a entendu ce qui s'est passé aujourd'hui. On espère qu'il va écouter nos solutions, et aussi dialoguer avec nous".