Après les vacances, entre les impôts et les dépenses de la rentrée, le mois de septembre peut s'avérer financièrement douloureux. Et cette année, une pratique semble exploser par rapport aux autres années : l'avance sur salaire. Europe 1 a appelé une cinquantaine d'entreprises. Et parmi elles, ça peut aller jusqu'à cinq fois plus de demandes d'avances pour ce mois ci. Ce qui était encore marginal il y a un an devient presque courant cette année.
"Ca devient un recours naturel". "Ce sont des personnes qui frappent à la porte de votre bureau, et qui vous disent 'voilà, je suis un peu gêné mais exceptionnellement, j'aurais besoin que tu payes mon salaire un peu à l'avance'", témoigne le chef d'une entreprise de communication de 48 salariés, près de Bordeaux, au micro d'Europe1.
"Avec les impôts, la rentrée scolaire… Je ne suis quasiment plus sur de l'avance sur salaire, je prête presque de l'argent à mes salariés. Ca devient un recours naturel du salarié qui ne peut plus joindre les deux bouts. C'est plus facile parfois de demander à son supérieur hiérarchique qu'à sa famille", témoigne-t-il. Dans sa société, à la fin du mois d'août, ce sont huit employés qui ont ainsi demandé à être payés le 10 du mois au lieu de fin septembre.
"L'entreprise n'est pas un banquier". Les entreprises ne sont légalement pas obligées d'accepter une avance. Mais dans les faits, peu de patrons refusent, si la trésorerie le permet. La DRH d'une entreprise de transports confie même que cette année, pour un tiers des cas de demandes d'avance, les montants demandés dépassent celui du salaire, allant parfois jusqu'au double.
L'ampleur du phénomène est difficile à mesurer un 23 septembre, mais la tendance semble bien là. Et elle inquiète. "L'entreprise n'a pas pour fonction d'être le banquier de ses salariés, en lui accordant des prêts à taux zéro. Elle doit tenir une trésorerie", prévient Jean-Christophe Sciberras, le président de l'association des DRH, inquiet que la pratique se transforme en habitude.