Le rendez-vous. La Chine prépare son grand chambardement fiscal. TVA, fiscalité des entreprises, taxes d'habitation, tout va être revu (à la hausse ou à la baisse) d'ici à l'automne, dans la perspective de la prochaine grande Assemblée plénière du Parti communiste. Et la ligne politique semble claire : les Chinois vont devoir revoir leur mode de vie. Si les entreprises agroalimentaires, les PME locales et les produits de première nécessité vont ainsi bénéficier d'allégements fiscaux, le luxe sera surponctionné, comme le souligne le journal Les Echos lundi. En plus de l'aspect économique, les autorités ont à cœur de redorer l'image de la classe dirigeante. Alors que la Chine compte de plus en plus de milliardaires (122 en 2013, contre 95 en 2012, deuxième mondiale derrière les États-Unis), principalement au sein des instances du Parti, ses élites sont de plus en plus pointées du doigt pour leurs comportements excessifs.
Dans les tuyaux. Un rapport rédigé par les équipes du ministère des Finances a été déposé la semaine dernière au Comité permanent du Bureau politique, l'instance suprême du pouvoir chinois. Comme l'a remarqué le quotidien économique, qui cite l'agence Xinhua, le document prépare notamment le terrain à un élargissement de "la liste des produits soumis à une taxe sur la consommation". Et une surtaxe toute particulière sera destinée aux "lieux de divertissements de haut niveau". Si le document ne donne pas plus de précision, le journal Le Monde, qui cite "les médias chinois", indique que les taxes pourraient être alourdies sur les yachts, ainsi que sur les véhicules de plus de 1,7 million de yuans (environ 200 000 euros).
Le luxe déjà pris à partie. Ces taxes viendraient alors s'ajouter à celles déjà mises en place ces dernières années. La Chine taxe en effet déjà à 20% la consommation de montres de luxe, par exemple, et les voitures sont ponctionnées comme presque nulle part ailleurs, avec une taxe à la consommation allant de 17 à 40% selon les véhicules et à 25% à l'importation. Par ailleurs, les autorités chinoises ne jouent pas que sur la fiscalité. Pour redorer l'image d'une élite jugée trop "bling-bling", elles ont imposé des règles drastiques dans les dîners d'affaires.
"Jusqu'à récemment, faire des affaires avec des pointures du régime chinois, c'était participer à des banquets impressionnants, jouer au golf, rouler dans des grosses berlines, parfois même faire un tour en hélicoptère. C'est fini", explique un "Européen à Pékin" cité par Les Echos. "Dans les dîners d'affaires, le cognac ne coule plus à flots. Les grands crus de vin non plus. Même le maotai, l'alcool chinois par excellence, souffre", poursuit le journal.
Une activité qui s'enrhume. Résultat de toutes ces mesures : le marché s'effondre. Dans les secteurs surtaxés, les prix grimpent en flèche (une voiture s'achète, en Chine, deux à trois fois plus cher qu'en Amérique) et les clients vont voir ailleurs. Selon le cabinet McKinsey, un tiers des consommateurs de luxe chinois procéderont à leurs achats en Europe cette année, contre un cinquième l'an dernier. Et dans les secteurs les plus touchés par la nouvelle rigueur des élites chinoises, comme la restauration ou l'alcool, le coup est encore plus violent et les prix doivent être bradés, raconte le correspondant des Echos, qui conclut : "la fête est finie".